Maître du Jeu
MJ
A PROPOS
Messages : 16
Date d'inscription : 22/01/2022
Date d'inscription : 22/01/2022
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Contexte
I - Contexte
Le contexte du forum se situe dans la ville d'Inverness en Ecosse, de nos jours. Les créatures fantastiques et la magie sont omniprésentes, bien que leur existence soit ignorée ou considérée comme un mythe par la majorité. La christianisation du pays mille-cinq-cents ans avant notre ère a doucement pris le dessus sur les anciennes croyances et traditions celtes, créant une rupture entre les Hommes et la magie. Poussés à se cacher de l’humanité pour s’en protéger, les êtres surnaturels disparurent peu à peu des esprits. Si aujourd’hui la religion prend une place moins importante dans la société qu’elle ne fut auparavant, l’Ordo Dei, un puissant groupe chrétien militarisé poursuit secrètement l’inquisition à travers tout le pays.
INVERNESS
Petite ville portuaire, Inverness est la plus grande ville des Highlands, au nord-est de l'Ecosse. Touristique et appréciable par sa tranquillité et sa beauté, ses bâtiments de l'ère victorienne et son histoire, Inverness abrite également le siège de l'Ordo Dei. La région est l'une des plus prolifique en matière d'évènements surnaturels, et un habitat de choix pour toute créature se respectant, mêlant les joies de la grande ville, avec la proximité des campagnes les plus dépouillées de toute vie humaine.
II – Histoire d’ambiance (facultatif)
Il est huit heures du matin. Le petit se réveille, dans son berceau, il hurle à pleins poumons, réclame les soins qui lui sont dû avec passion. Un enfant, ça vous change la vie. C’est dur, c’est un travail, et la mère est épuisée. Épuisée de s’inquiéter, épuisée de n’avoir plus comme seul univers, comme seul sujet de ses pensées ce bébé qui est sa chair. Le père part au travail. Il embrasse femme et chérubin, il est heureux. Elle est heureuse aussi. Car l’amour est si grand, il enrobe l’air d’un doux supplice, il la transperce et la soumet, et dans les yeux de son fils, c’est à sa place qu’elle se sent. Pour calmer les pleurs, elle prend son rôle très à cœur. Elle est douce et patiente, sort le petit affamé de sa cage, pour le poser à la chaleur de son sein nu.
A son contact, elle frémit. Un éclair subtil court sur ses bras, lui redresse les poils. Quelque chose la dérange. Quelque chose grossit dans sa gorge. Il fait plus froid ce matin. Elle a mal dormi. Elle couve peut-être un rhume. A toute vitesse, des milliers de raisons balaient la chair de poule, la justifie. Le petit tète goulûment, comme un meurt-de-soif. Il s’accroche, il tire, il mordille. Comme tous les petits. Contre sa peau, il lui semble froid, son fils. L’espace furtif d’une seconde, les pores de sa peau rosie lui semblent râpeux. Il gigote, il sourit. Elle le couvre de baisers, et tout va bien. Il va bien. Elle va bien. Elle le repose un instant, pour trouver des vêtements à lui mettre. Elle le regarde, et l’idée, perverse, s’insinue, sourde mais bien présente, un écho balayé aussi vite, mais qui résonne, s’écrit dans le fil de ses pensées et y accroche sa première racine.
Ce n’est pas mon fils.
Ridicule. Elle n’y pense plus.
Pourtant au fil des jours, la racine s’enroule, elle gratte, elle pousse. La pensée furtive revient. Elle ne se sent plus à sa place dans les yeux de son enfant, de son chéri, de son amour. Son père joue avec lui, l’aime comme si de rien n’était. C’est dans sa tête, il n’y a pas de doute. Elle se surprend un jour à le comparer aux photos d’avant. Il est le même, en tout point. Ce n’est pas possible. C’est son fils, et elle est folle.
La pensée devient un sentiment. Profond, de répulsion. Elle le touche, mais sans douceur. Elle le nourrit, et elle détourne le regard. Le voir lui déchire indescriptiblement le cœur, et son âme se languit d’autre chose, comme amputée. Ça gigote. Ça sourit. Elle essaie, pourtant, de toute ses forces, de l’aimer, ce morceau de chair bouffie. Tâchant parfois un sourire puant d’hypocrisie : ça ne s’en offusque même pas. Son fils, lui, l’aurait senti. Il sentait les émotions de sa mère, elle le sait. Dans l’obscurité de son silence, sous le poids de la mascarade, elle s’effrite peu à peu. Elle se délaisse. Elle délaisse l’être dans le berceau. Elle veut son fils, ne supporte plus cette chose hurlante qui a pris sa place. Les racines de l’idée recouvrent sa raison. Le père s’inquiète, et il confronte sa femme. Elle se complait dans un mutisme qui la consume, mais jure qu’elle va bien, que tout va s’arranger. Et dans son for, elle fomente.
Un jour, elle se rappelle d’une histoire. Une histoire tombée du ciel rien que pour elle, pour qu’elle comprenne ce qui la tourmente. Et elle, elle sait que c’est ça. Qu’elle a raison depuis le début. Ce n’est pas son fils. Elle se faufile dans la chambre du bambin. Il est le milieu d’après-midi, mais les volets sont fermés. Le laisser dépérir n’est plus assez. De rage et de désespoir, elle saisit le petit cou. Elle le secoue, le serre, hurle comme une diablesse. Sa salive coule sur son menton, les pleurs du petit : étouffés par le manque d’air. Lorsque la colonne se rompt enfin, elle fait un bruit de branche cassée. Le doute ne s’assaille plus, elle amène le corps flétri par la mort dans sa cuisine, à la lumière. Elle va le regarder. Elle va le prouver. Cette chose n’est pas son fils. Ce n’est pas son fils.
Son sang est trop épais, est-ce vraiment du sang humain ? A quoi ressemble le sang humain ? Jamais il n’y en avait eu telle quantité sous ses yeux. Mais elle décortique. Les os se brisent comme du bois. Elle l’entend, ça craque, le son est si reconnaissable. La chair arrachée recouvre le plan de travail, le foie et le pancréas sont jetés sans ménagement dans l’évier teint de rouge. Lorsque le père rentre, son visage se tord et il hurle. Il est pétri par l’horreur. Comme une folle, elle attrape un petit bras boudiné. Il ne doit pas s’inquiéter, ce n’est pas son fils. Elle lui montre, fais craquer l’humérus. Regarde, regarde. Écoute, ça fait un bruit de bois. Ce n’est pas de l’os.
Elle tenta de s’expliquer, mais personne ne l’écouta. Elle ne devint plus qu’un nom dans un fait divers terrible, qui secoue, mais pas bien plus loin que le voisinage : une femme tue son fils d’à peine six mois. Elle clame que ce n’était pas son fils, que des fées l’ont remplacé, et c’est dans l’aile psychiatrique d’une prison qu’elle purgera sa peine.
Un jour, un homme lui rend visite. Étonnant, personne ne lui rend visite. Elle ne le connait pas. Il lui apparaît, une corpulence imposante, la droiture militaire. Son air est grave, sa démarche sûre. A son cou, une croix dorée est pendue, et il s’assied devant elle. « Je vous crois », qu’il lui dit. Elle n’en croit pas ses oreilles. « Je vais retrouver votre fils, racontez-moi tout. N’omettez aucun détail. »
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