Annabelle Shaw
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Date d'inscription : 05/01/2022
Métier : Joaillère
Âge : 25 ans
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Ce que j'écris: Un peu de tout, forcément avec Nana ça va verser dans le cannibalisme et le meurtre d'innocents animaux.
Dans quelles mesures: Selon mon humeur, je me trouve soft personnellement mais je suppose que ça depend de qui lit..
Mes TW: Aucun. Choquez-moi wesh, j'en rêve.
Limites du perso: Aucune, je suis une malade moi.
Intervention MJ: C'est moi le MJ. Tristesse.
Killing Strangers
ft.DamonLa nuit étreint les corps suintant l’amour et la fièvre, les danseurs effrénés s’hydratant dans une bière déjà tiède. L’obscurité coupée par les cônes de lumière jaune des réverbères, laisse apparaître des silhouettes enlacées dans ses bras. Annabelle soupire un regard discret sur ces ivres fous, qui, se croyant à l’abri des indiscrets, ne se rendent plus compte qu’ils offrent leurs ébats en spectacle.
Il est tard. Les établissements ferment les uns après les autres, coupent court à la soirée, se vident de leurs masses titubantes. La joaillère aime cette heure. Le boucan des fêtards est comme un chuchotement grave entre les pierres du centre-ville. Aucun autre instant n’exsude cette profondeur si particulière, de la légère présence humaine sur le fond d’un silence de nuit noire. Comme si chaque souffle gonflait la poussière. Comme si chaque amas vivant était un petit monde confiné, étouffé, roulant dans son prisme jusqu’à, finalement, disparaître derrière une porte pour la nuit. Annabelle tire sur sa jupe crayon en suède. Il fait bon dehors, mais une brise plus fraîche la pousse à resserrer le blazer oversize posé sur ses épaules. Alors que l’heure passe, que la ville se dépeuple finalement, ses escarpins dévalent les trottoirs. Ses yeux ne sont plus attirés par les quelques retardataires s’empressant à rejoindre leurs lits, mais par l’air grand et serein d’une solitude recherchée, enfin atteinte.
Elle expire un soulagement, ses pas se portent le long de Friars’ Lane, rejoignent la rive du Ness. Il est peu de chose qui puisse aussi bien détendre Annabelle que la longue attente qui se loge au creux d’un silence de plomb. Le reflet des lumières sur le courant de l’eau caresse sa pupille. Son esprit peut enfin voguer, aux bruissements blancs de la rivière s’écoulant, tranquillement, elle s’imagine ailleurs, s’imagine starlette. Ses petits films secrets adoucissent son teint, elle se voit admirée, drapée dans la grandeur d’un glorieux destin. Le temps ne passe plus dans ses rêves, ses scènes favorites se rebouclent comme un spectre dansant sous ses yeux.
Elle emprunte de nouvelles routes sans les voir vraiment en descendant la rive, l’écho lui renvoie le claquement de ses fins talons sur le goudron. Quelques notes de timbale. Un filet estompé de musique la sort de ses songes. Elle extirpe de ses bras croisés une main en la secouant, pour délicatement exposer à ses yeux les aiguilles d’une montre fine en or rose : il faut croire que quelque chose est encore ouvert à cette heure tardive. La curiosité la pique.
Elle met un moment à apercevoir l’éclairage rincé d’un néon, coincé dans un renfoncement, entre deux bâtiments. La façade se fond dans les murs, si ce n’est pour une vitre si sale que seule la couleur orange de la lumière parvient à l’extérieur. Un écriteau délavé indique les heures d’ouvertures. Le néon donne le nom du pub. N Future ?
No Future.
Au gré du court-circuit qui donnait quelques sursauts à la lettre ‘O’.
Annabelle hausse les épaules : elle a un peu soif, que l’endroit ait l’air sordide n’est jamais qu’un bonus. Elle pousse la porte. La musique prend toute son ampleur, et dans l’eau chaude et brumeuse des ampoules nappées de poussière, l’odeur de tabac froid et le parfum gras de l’alcoolisme, lui agressent les nasaux. Sa bouche s’arque d’un léger dégoût.
Une poignée de peigne-culs se dispersent dans la pièce, le corps avachi au-dessus d’une pinte chaude, noyant leurs traits tirés par la solitude dans une misérable partie de bridge. L’âme tellement arrachée, dissociée, que leurs yeux flasques et desséchés ne s’inquiètent pas de la nouvelle venue.
Pourtant, elle détone, la môme. Ses épaules noueuses suivent élégamment son pas souverain, son genou tremble presque à chaque fois que le pied s’écrase, féroce de confiance, sur le plancher collant du pub. Sa lenteur raffinée enrichit le mouvement maniéré de sa main qui, d’un doigt savant attrape son blazer pour le replier soigneusement sur son bras. De sa queue de cheval haute parfaitement lisse, à ses lèvres rouge merlot méticuleusement définies, de son minuscule sac à main Vuitton, à ses immenses boucles d’oreilles dorées et serties de grenats : la poupée pue le fric de bonne famille. Elle ne se cache pas de son arrogance : toute la bâtisse offre un contraste substantiel à son allure, qui n’est pas pour lui déplaire.
Les poutres mitées s’harmonisent au cuir des tabourets troués. En s’approchant du comptoir, elle constate que l’usage de dessous de verre doit être prohibé. Elle aperçoit la silhouette retournée du barman surplombée d’une tignasse brune. Quoiqu’il soit en train de faire, ce n’est sûrement pas le ménage. Elle jauge les assises qui lui sont proposées, en trouve une moins déchiquetée que les autres, et s’enquiert de s’y installer.
Inconfortable. Elle soupire.
Instinctivement, elle passe un doigt sur le bois vétuste, et la sensation de saleté visqueuse qu’elle y racle lui tire une grimace. Un rictus critique lui serre les dents. Elle juge de haut en bas l’homme derrière le comptoir, en sortant un mouchoir en tissu de son sac, pour nettoyer son doigt. Se faisant, elle se décide à commander.
- Bonsoir…
Elle se dandine un peu, se repositionne, laisse un œil dériver vers les affichages, les noms des diverses pressions et leurs prix. Son regard se porte de nouveau sur le barman, elle tente un sourire poli.
- Je voudrais un martini, s’il vous plaît.
Elle croise ses mains, les pose sur le comptoir, et se ravise instantanément d’une mine incommodée.
- Vous n’avez pas un chiffon humide ?
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Daemon Grant
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Ce que j'écris: Un peu de tout, donc glissez-moi vos TW en mp
Dans quelles mesures: J'mets pas mal de détails en général
Mes TW: Aucun
Limites du perso: On évite la mort pour le moment, le reste c'est ok
Intervention MJ: Oui
Un soir ordinaire. Qui n’apportera rien. Rien d’autre que la même routine, lassante mais nécessaire. Les automatismes s’enchaînent. Le torchon balaie le comptoir dans un bruissement paresseux. Et le regard d’un bleu rendu terne par les verres ingurgités se perd entre les têtes présentes, observe les mouvements répétitifs des bouches qui s’ouvrent et se ferment, des mains qui étreignent puis abandonnent. Le sourire a disparu depuis longtemps. Déjà las de mimer un nettoyage qui n’aura rien d’efficace, Damon tourne le dos à la salle, ignore les quelques éclats de voix qu’un désaccord vient de faire naître pour se concentrer sur les bouteilles restantes. La porte s’ouvre. Il pince les lèvres. Se demande qui s’invite à cette heure. La monotonie est rompue. Il ne se tourne pas, pourtant, curiosité morte le liant à son activité initiale. Il saura bien assez tôt. La voix le saisit. Inhabituelle. Féminine. Il ne connait aucune femme susceptible de rejoindre son bar une fois la nuit tombée. Aucune, si ce n’est quelques âmes perdues en quête de plaisirs louches. Cette voix sonne différemment. La tonalité. Le timbre. Lisse. Exempt de tout désespoir. Damon se redresse, jette au visage de l’intruse un sourire en demi-teinte, le temps d’encaisser la demande.
« Un quoi ? » La voix cassée par les abus, il pose sa question sans cesser de sourire, se compose l’air aimable et faux de ceux qui en ont encore quelque chose à faire. Sa main se serre sur le torchon qu’il tient toujours, qu’il envoie à travers le comptoir, en direction de la femme.
« J’ai qu’ça, s’cuze. » souffle-t-il sans avoir l’air désolé le moins du monde. La vision tranche avec ce dont il a l’habitude, lui rappelle ces filles, de la vie d’avant, fraiches et vives, même si celle qui se tient là, son dégout affiché comme une bannière, semble appartenir à une classe sociale qu’il n’a jamais tenté de fréquenter.
« Qu’est-ce que tu fous là, tu t’es perdue ? J’doute qu’on ait quoi qu’ce soit à t’offrir. » marmonne-t-il encore en englobant de ses bras libres l’espace devant lui. Le bar est miteux. Les gens sont miteux. Et il ne fait pas exception. Aborde les déchirures de ses vêtements, les piercings qui lui ornent le visage ou les tatouages qui courent sur sa peau comme autant de preuves de ce qu’il avance. Il a tout du mauvais garçon. Pas celui des fantasmes. Celui qui se fait prendre. Et qui n’a pas retenu la leçon. La blancheur de ses dents tranche presque dans la lumière souffreteuse. Et son sourire prend des allures de mensonge alors qu’il s’affaire enfin, prépare le nécessaire pour honorer la demande.
« Un martini putain. Comme si j’avais qu’ça à branler. Tu pouvais pas prendre une bière, comme tout l’monde ? A moins qu’tu t’sois pointée pour autre chose ? » Le ton baisse, et son regard se trouble alors qu’il observe la visiteuse, plante son regard dans le sien.
« J’ai rien reçu récemment, si tu veux du frisson, faudra revenir courant d’la semaine prochaine. » Il dépose la boisson devant la femme, plante une rondelle de citron défraîchie sur le rebord du verre, et jette un nouveau coup d’œil au torchon qu’il lui a laissé.
« Ouais bon. Faut pas s’attendre à grand-chose à c’t’heure-ci. Vraiment pas. » Le marcel noir qu’il porte lui moule le torse, met en valeur des muscles qui avouent un passif loin de la déchéance présente dans laquelle il semble se vautrer. Et la vulgarité dont il s'entoure, la sécheresse de sa vie, le vocabulaire basique, racontent eux aussi leur propre histoire.
« T’es qui au fait ? J’veux au moins ton prénom. C’pas comme si on avait beaucoup d’nouveaux par ici, alors des nouvelles. Tu pues l’fric. C’est plutôt louche. » Si le ton légèrement agressif pourrait laisser penser qu’il l’accuse, ce n’est pas le cas. Il s’informe, juste, cherche à deviner les raisons de la visite d’une parfaite étrangère dans un lieu connu pour ses trafics. Peut-être qu’elle est juste flic. La pensée l’effleure. Il la chasse. Trop classe pour n’importe quelle flic, il en jurerait. Lentement, Damon fait le tour du comptoir, rejoint la femme, un second verre à la main, avant de s’installer sur le tabouret voisin du sien après l’avoir approché un peu (le tabouret pas la meuf mdr) .
« C’est pour moi. Pour m’avoir fait préparer un putain de martini. La maison offre. Mais si t’as envie d’un truc plus fort. D’un truc plus intéressant. J’ai aussi c’qu’il faut. Par contre, j’ferme dans 20 minutes. » Un rappel, plus pour lui que pour elle. Pour que l’imprévu ne l’entraîne pas de nouveau dans un plan dont il ne saura se défaire, dont il regrettera les conséquences.
« Un quoi ? » La voix cassée par les abus, il pose sa question sans cesser de sourire, se compose l’air aimable et faux de ceux qui en ont encore quelque chose à faire. Sa main se serre sur le torchon qu’il tient toujours, qu’il envoie à travers le comptoir, en direction de la femme.
« J’ai qu’ça, s’cuze. » souffle-t-il sans avoir l’air désolé le moins du monde. La vision tranche avec ce dont il a l’habitude, lui rappelle ces filles, de la vie d’avant, fraiches et vives, même si celle qui se tient là, son dégout affiché comme une bannière, semble appartenir à une classe sociale qu’il n’a jamais tenté de fréquenter.
« Qu’est-ce que tu fous là, tu t’es perdue ? J’doute qu’on ait quoi qu’ce soit à t’offrir. » marmonne-t-il encore en englobant de ses bras libres l’espace devant lui. Le bar est miteux. Les gens sont miteux. Et il ne fait pas exception. Aborde les déchirures de ses vêtements, les piercings qui lui ornent le visage ou les tatouages qui courent sur sa peau comme autant de preuves de ce qu’il avance. Il a tout du mauvais garçon. Pas celui des fantasmes. Celui qui se fait prendre. Et qui n’a pas retenu la leçon. La blancheur de ses dents tranche presque dans la lumière souffreteuse. Et son sourire prend des allures de mensonge alors qu’il s’affaire enfin, prépare le nécessaire pour honorer la demande.
« Un martini putain. Comme si j’avais qu’ça à branler. Tu pouvais pas prendre une bière, comme tout l’monde ? A moins qu’tu t’sois pointée pour autre chose ? » Le ton baisse, et son regard se trouble alors qu’il observe la visiteuse, plante son regard dans le sien.
« J’ai rien reçu récemment, si tu veux du frisson, faudra revenir courant d’la semaine prochaine. » Il dépose la boisson devant la femme, plante une rondelle de citron défraîchie sur le rebord du verre, et jette un nouveau coup d’œil au torchon qu’il lui a laissé.
« Ouais bon. Faut pas s’attendre à grand-chose à c’t’heure-ci. Vraiment pas. » Le marcel noir qu’il porte lui moule le torse, met en valeur des muscles qui avouent un passif loin de la déchéance présente dans laquelle il semble se vautrer. Et la vulgarité dont il s'entoure, la sécheresse de sa vie, le vocabulaire basique, racontent eux aussi leur propre histoire.
« T’es qui au fait ? J’veux au moins ton prénom. C’pas comme si on avait beaucoup d’nouveaux par ici, alors des nouvelles. Tu pues l’fric. C’est plutôt louche. » Si le ton légèrement agressif pourrait laisser penser qu’il l’accuse, ce n’est pas le cas. Il s’informe, juste, cherche à deviner les raisons de la visite d’une parfaite étrangère dans un lieu connu pour ses trafics. Peut-être qu’elle est juste flic. La pensée l’effleure. Il la chasse. Trop classe pour n’importe quelle flic, il en jurerait. Lentement, Damon fait le tour du comptoir, rejoint la femme, un second verre à la main, avant de s’installer sur le tabouret voisin du sien après l’avoir approché un peu (le tabouret pas la meuf mdr) .
« C’est pour moi. Pour m’avoir fait préparer un putain de martini. La maison offre. Mais si t’as envie d’un truc plus fort. D’un truc plus intéressant. J’ai aussi c’qu’il faut. Par contre, j’ferme dans 20 minutes. » Un rappel, plus pour lui que pour elle. Pour que l’imprévu ne l’entraîne pas de nouveau dans un plan dont il ne saura se défaire, dont il regrettera les conséquences.
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Dans quelles mesures: Selon mon humeur, je me trouve soft personnellement mais je suppose que ça depend de qui lit..
Mes TW: Aucun. Choquez-moi wesh, j'en rêve.
Limites du perso: Aucune, je suis une malade moi.
Intervention MJ: C'est moi le MJ. Tristesse.
Killing Strangers
ft.Damon« Un quoi ?»
Annabelle hausse un sourcil moqueur. Cet étonnement l’amuse. Elle jette un regard discret sur l’étalage d’alcool, et d’un geste pédant, montre une bouteille du doigt.
«La bouteille transparente, pleine de poussière, au milieu. C’est écrit dessus : mar-ti-ni. Vous pouvez pas vous tromper.»
Son ton persifleur accompagne ce fin sarcasme, juché sur l’étirement de son sourire. Elle offre une moue facétieuse au barman. Une moue qui se mue en répugnance au toucher du comptoir, se fixe sur le haillon qualifié de chiffon. Elle redresse des yeux sceptiques au barman, comprend que sa question muette est rhétorique : c’est ça, ton chiffon ? Elle qui pensait se préserver d’un nettoyage bâclé par la mauvaise foi, en prenant en main l’affaire. Car, nul besoin d’être détective, qui travaille dans ou gère cet établissement, n’a cure de l’entretien de ses locaux, la demande d’une cliente n’y changerait sans doute pas grand-chose. Elle attrape le chiffon d’un gris malsain. Il est sec.
Son regard est fuyant, cherche une source d’eau, mais reviens de temps à autre sur le tatoué. Les œuvres qui le recouvrent sont bien dessinées, les détails précis, le trait fin. Elle le remarque.
« Qu’est-ce que tu fous là, tu t’es perdue ? J’doute qu’on ait quoi qu’ce soit à t’offrir. »
La politesse n’étouffe pas cet homme, ni aucune forme de discrétion d’usage. La môme s’adapte, roule des épaules, accepte cette familiarité comme une opportunité. Elle lui rend un sourire. Un peu obséquieux. Juste derrière le comptoir, à côté des tireuses à bières, l’évier n’est qu’à un bras tendu. Elle étire tout son corps au-dessus du bar, ses vertèbres ressortent sous la peau laiteuse de son dos, que laisse remonter son crop-top côtelé noir. Elle se permet d’ouvrir l’eau, l’allongement de ses poumons produit un chuchot cassé.
« On ne t’a peut-être pas appris ça, mais quand on tient un bar, parfois, des clients viennent boire. C’est un peu…»
Elle tourne la tête vers lui, gonflant ses joues d’un air ricaneur. Elle relève une narine, se paie sa tête à coup d’évidences, en imbibant son horrible chiffon sous le jet du mitigeur. Sa queue de cheval glisse sur son épaule.
« Le b.a.-ba du métier de barman. »
Annabelle coupe l’eau, essore le chiffon, le secoue et le plie. Quelques gouttes d’eau finales s’échappent du robinet, s’éclatent sur l’inox, d’un clapotement fondu dans les basses accompagnant le refrain de Killing Strangers. Les paroles font écho sur la blancheur acérée de ses dents, et le bleu profond de ses yeux s’allonge le long d’un bras tatoué de l’étranger. Peut-elle seulement s’empêcher de chasser, cette belle viande musclée ? Elle ne laisse pas son regard s’attarder, se réinstalle sur son assise, commence à frotter le comptoir devant elle, avec une fébrilité un peu maniaque.
Elle lui prête un regard de temps à autre, pour prouver son attention, alors qu’il doute encore de sa simple volonté de boire un verre. Un peu paranoïaque, mais un peu perspicace. Pour un tavernier.
La chasseuse d’hommes, parfois, s’en passerait : malheureusement, les proies ne se trouvent pas qu’en cherchant, il fallait bien l’envisager. Ce qu’elle désire n’a que bien peu sa place, à la conception de ses intentions. L’étranger est un malpropre indiscret, mais le corps est sain, la chair à l’air fibreuse, coriace. Il ouvre la bouteille de martini, ses biceps roulent, se contractent, et dans le mouvement, sous la peau, la texture se devine. L’œil gourmet se suspend à ce muscle, retourne se cacher aussi vite : Annabelle aime les viandes épaisses, celles qu’on ne peut manger qu’avec une furie profuse, qui ne daigne s’arracher que sous l’animalité la plus brutale. La nature la plus vraie, l’assouvissement primaire de l’instinct.
Elle passe un doigt sur le bois maintenant humide de propreté, et l’on découvre avec stupeur la réelle couleur du vernis.
« De la drogue ? Pas étonnant que tu ais besoin de ça pour garder ce bouge à flots…»Son regard se pose sur le chiffon, noircit d’avoir fait son travail. A un rictus atterré se succède un pli accusateur, alors qu’elle présente la crasse nettoyée au maître des lieux. « C’est parfaitement dégueulasse. »
« Ouais bon. Faut pas s’attendre à grand-chose à c’t’heure-ci. Vraiment pas. »
« Ce mois-ci, plutôt, vu la couche. »
Ses ongles manucurés craignent finalement d’attraper un parasite, se débarrassent du haillon en le balançant dans l’évier. Elle jauge sa commande, la rondelle de citron vieille de trois jours posée dessus. Autant ne pas en mettre. Elle la retire, la jette à la suite du chiffon. Son index glisse sur la tranche de son verre, elle pose ses coudes sur le comptoir, se laisse fondre lascivement dessus. Sa main doit retenir sa mâchoire, empêcher la ligne du buste de couler. Ses paupières mi-closes suggèrent un intérêt détaché, mais sa curiosité se teint d’un zeste de malice à la commissure de ses lèvres.
« T’es qui au fait ? J’veux au moins ton prénom. C’pas comme si on avait beaucoup d’nouveaux par ici, alors des nouvelles. Tu pues l’fric. C’est plutôt louche. »
Qu’il lui crache. Elle se redresse et ricane. L’honnêteté est touchante. Il ressemble à un chat, qui courbe le dos, siffle face l’inconnu, mais continue pourtant de s’intéresser, de s’approcher. Une métaphore criante : les hommes ne sont jamais rien que des bêtes.
« Dans le genre rustre, t’as un certain talent, toi !» Ses pupilles rieuses le fixe, sa voix profonde s’habille d’un élan moqueur. « C’est moi qui te fais peur, ou c’est juste le fric en général ? Un grand gaillard comme toi ? »
La môme lui sourit, observe ses larges épaules rouler alors qu’il se déplace, contourne le large obstacle qui les sépare. Elle se penche sur le comptoir, pose de sa main lâche, un index sur sa lèvre. Il y a quelque chose d’ancien, un quelque chose de vieux jeu, dans sa posture. Elle lève les yeux vers lui, alors qu’il s’approche. Elle l’observe bien mieux. La réflexion bien nette sur le métal de ses piercings laisse deviner un acier de bonne qualité. Sa bouche s’entrouvre, s’intrigue de cet étrange contraste, entre la qualité des tatouages et des bijoux, et son vieux marcel noir délavé. Alors elle saisit son verre, boit une gorgée pour faire mine. Il s’assoit.
« C’est pour moi. Pour m’avoir fait préparer un putain de martini. La maison offre. Mais si t’as envie d’un truc plus fort. D’un truc plus intéressant. J’ai aussi c’qu’il faut. Par contre, j’ferme dans 20 minutes. »
La musique change. La porte s’ouvre, c’est l’un des poivrots qui s’en va. Annabelle réfléchit, son sourire flâne, ses mots se préparent sur le pincement mutin de ses lèvres.
« C’est gentil de m’offrir un verre, pour t’avoir demandé de le préparer. » Elle glousse. « Tu t’ennuyais à ce point ? » Elle sourit, tourne son verre oisivement d’un sens à l’autre, ne le laisses pas répondre. « Ou est-ce que ça t’intrigue vraiment, ce que je peux bien faire ici ? »
Elle s’étire, boit une nouvelle gorgée en remontant la bretelle glissante de son soutien-gorge d’un geste discret.
« Je ne sais pas trop. » Elle minaude un regard menteur, elle joue la maligne, elle adore visiblement ça.« Peut-être que je n’arrivais pas à dormir, et que j’ai eu soif en me promenant pour faire passer la nuit, peut-être que… » Elle se dandine un peu « Je suis une petite bourgeoise en manque de sensations fortes. Peut-être même bien que les coupe-gorges, ça m’excite ! »
Elle le fixe, et se penche vers lui. Elle renifle. Son haleine pue l’alcool.
« Ou peut-être que toi, tu as trop bu, et que moi, je m’ennuie. »
Son rire léger s’efface doucement, elle joue avec son verre, fais tourner le liquide à l’intérieur.
« Tout le monde m’appelle Nana. Tu es le patron, ici, ou juste un dealer désespéré de droguer la moindre fille qui passe par là ? Il n’y a bien que du martini, dans mon martini ?»
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Les claquements secs des verres sur le comptoir. La musique qui s’essouffle. Les conversations qui s’avachissent, pendent aux lèvres des retardataires, molles. Certains jours, certains soirs, il se sent comme hors du temps. Une mélancolie soudaine, piquetée d’une pointe de regrets l’attrape. Et le transporte ailleurs, loin de ce bar merdique, de cette ambiance un peu glauque qui colle à la peau, tire vers le fond, vers les abysses.
Il regarde la femme, attentif sans en avoir l’air, note dans ses gestes une assurance propre à ceux qui ont l’habitude d’établir leurs propres règles. Il apprécie ce qu’il voit. Le bleu rencontre le bleu, le temps d’un regard bref, presque poli. S’attarde ensuite sur les taches de rousseur. Les ongles manucurés. La tenue qui, en temps normal, donnerait à la fille une apparence ordinaire de pétasse de club, la transforme, dans la fadeur du pub, en diva nocturne. Il ne l’écoute que d’une oreille, encore amusé du ballet qu’elle lui a offert avec le chiffon souillé. Intéressant réflexe que de nettoyer chez les autres, en toute impunité.
S’il note les regards qu’elle lui lance, la manière dont elle le décortique du bout des prunelles, il ne commente pas, la laisse mener à terme son examen comme il a mené le sien. Damon a l’habitude d’être observé. Jaugé. Par les hommes. Par les femmes. Pour des raisons bien différentes, en général. Mais la manière dont elle se penche, porte son attention sur lui diffère. Donne à la procédure quelque chose de presque… dérangeant. Soudain, il se sent gauche sous ces yeux-là. Le verre tremble entre ses doigts, et ses sourcils se froncent d’un agacement passager. Il se fait des idées. Sûrement. L’alcool lui brûle les veines. Depuis trop longtemps. Reprendre ses esprits. Et se concentrer sur la conversation à venir. Qui promet, comme son instigatrice, d’être intéressante.
Les hypothèses brodées lui arrachent un ricanement. Il ne croit rien de ce qu’elle avance. Pas plus que la fausse ingénuité qu’elle lui sert du haut de son tabouret.
« C’est loin de tout, ici, alors à part si t’as des cadavres à balancer dans l’eau du port, j’doute que tu te sois radinée par hasard. » La curiosité s’impose maintenant, d’autant qu’elle a marqué des points, sans le savoir.
« Et j’m’ennuie. C’est si visible ? » Nouveau ricanement, un peu forcé, alors qu’il observe maintenant, la mine renfrognée, les derniers clients qui se dirigent vers la porte. Il a oublié son malaise, ce sentiment dérobé appelé par l’insistance dont elle fait preuve. Nana ? On dirait le nom d’une chatte, songe-t-il alors que le rire de la femme lui sonne encore aux oreilles.
« J’ai arrêté les sensations fortes, ça amène jamais rien d’bon. » souffle-t-il en se penchant à son tour.
« J’ai sûrement trop bu. Et si tu t’ennuies, et que j’peux t’être d’un quelconque amusement, j’t’en prie fais toi plaisir. » Le débit lent du murmure, que la charge d’alcool vient épaissir, lui fait presque douter qu’elle reçoive le message. Presque. Il se redresse, tourne la tête vers la salle, désormais vide. Tous ont déserté, abandonné le navire, rendu à la pièce son aura d’orpheline. Enfin. L’aisance revient. Et un nouveau verre avec elle. Il ne compte pas. Il ne compte plus. Ses doigts dansent sur le comptoir, font cliqueter les bagues qu’il porte avec régularité. Anneaux d’acier, simplistes et austères, qui escaladent les phalanges tatouées. Deux au niveau des pouces. Trois enlaçant le majeur de la main droite. Et un dernier, d’un argent terne, habille l’annulaire de la main gauche. Il a toujours aimé les bijoux. Neutres et solides.
« Y’a rien d’autre dans ton martini que ton martini. J’ai pas besoin de drogue si j’veux un truc d’une nana. En général. Mais p’têtre que madame est plus difficile ? Raconte moi un peu, maintenant qu’on est seuls, quelle idée tu t’fais d’un peu d’animation. » Il revient la fixer, quelques secondes, pose le verre vide qu’il ne s’est même pas vu saisir. Se relève, brusquement, dans un mouvement qui manque de justesse. Et qu’il révise en appuyant sa paume sur le comptoir.
« Faut vraiment qu’j’ferme avant qu’la nuit m’ramène une autre surprise. Tu peux rester. Tu peux bouger. A toi d’voir. C’est pas si mal, ici, une fois les lumières éteintes. » Accompagnant son commentaire d’un sourire en coin, il se sert, encore, laisse la bouteille en évidence cette fois, du whisky, et du bon, comme une invitation muette à abandonner sa boisson insipide pour quelque chose d’un peu plus puissant.
« Et donc, Nana, tu traînes souvent toute seule dehors dans des coins pas fréquentables ? C’est ça ton truc ? La semaine dernières, ils ont retrouvé deux corps qui flottaient peinardement. Bouffés par les crabes, les crevettes, et toutes les autres saloperies qui vivent dans l’eau. T’en as pas entendu parler ? Ils en ont fait tout un foin. Bref, on s’en branle, mais sans déconner, c’est dangereux par ici. » Il se demande, maintenant, pourquoi il cherche à la protéger, cette fille qu’il ne connait pas, qui n’a rien à faire là. Peut-être que c’est simplement son bon sens, rescapé d’une époque lointaine, qui lui assure l’évidence. Sa présence ici n’a rien de naturel. Rien de hasardeux. Elle est forcément venue pour quelque chose. Ou pour quelqu’un ? Ils sont seuls, désormais, et la piste entrevue s’écarte, s’écrase devant les faits.
« Nana. Pourquoi ? » La question s’échappe d’elle-même, sans même qu’il ne s’en rende compte, son regard embrumé caressant maintenant nonchalamment les courbes de l’intruse. L’ennui. Qu’elle lui a jeté au visage. Il le ronge, maintenant, s’étale dans son esprit, appelle avec ferveur n’importe quelle distraction qu’elle pourrait lui apporter.
« C’est comme être incapable d’étancher sa soif. C’est un besoin. Permanent. Impossible à combler. » Il parle encore, tout seul, timbre étouffé, râpeux. Oublie presque la présence de son interlocutrice. Les yeux dans le vague, les lèvres entrouvertes sur un soupir, il reprend pied dans le réel avec un sursaut brusque.
« Ouais. Sûrement trop bu. » commente-t-il avec un air d’excuse, avant de revenir s’assoir pesamment.
Il regarde la femme, attentif sans en avoir l’air, note dans ses gestes une assurance propre à ceux qui ont l’habitude d’établir leurs propres règles. Il apprécie ce qu’il voit. Le bleu rencontre le bleu, le temps d’un regard bref, presque poli. S’attarde ensuite sur les taches de rousseur. Les ongles manucurés. La tenue qui, en temps normal, donnerait à la fille une apparence ordinaire de pétasse de club, la transforme, dans la fadeur du pub, en diva nocturne. Il ne l’écoute que d’une oreille, encore amusé du ballet qu’elle lui a offert avec le chiffon souillé. Intéressant réflexe que de nettoyer chez les autres, en toute impunité.
S’il note les regards qu’elle lui lance, la manière dont elle le décortique du bout des prunelles, il ne commente pas, la laisse mener à terme son examen comme il a mené le sien. Damon a l’habitude d’être observé. Jaugé. Par les hommes. Par les femmes. Pour des raisons bien différentes, en général. Mais la manière dont elle se penche, porte son attention sur lui diffère. Donne à la procédure quelque chose de presque… dérangeant. Soudain, il se sent gauche sous ces yeux-là. Le verre tremble entre ses doigts, et ses sourcils se froncent d’un agacement passager. Il se fait des idées. Sûrement. L’alcool lui brûle les veines. Depuis trop longtemps. Reprendre ses esprits. Et se concentrer sur la conversation à venir. Qui promet, comme son instigatrice, d’être intéressante.
Les hypothèses brodées lui arrachent un ricanement. Il ne croit rien de ce qu’elle avance. Pas plus que la fausse ingénuité qu’elle lui sert du haut de son tabouret.
« C’est loin de tout, ici, alors à part si t’as des cadavres à balancer dans l’eau du port, j’doute que tu te sois radinée par hasard. » La curiosité s’impose maintenant, d’autant qu’elle a marqué des points, sans le savoir.
« Et j’m’ennuie. C’est si visible ? » Nouveau ricanement, un peu forcé, alors qu’il observe maintenant, la mine renfrognée, les derniers clients qui se dirigent vers la porte. Il a oublié son malaise, ce sentiment dérobé appelé par l’insistance dont elle fait preuve. Nana ? On dirait le nom d’une chatte, songe-t-il alors que le rire de la femme lui sonne encore aux oreilles.
« J’ai arrêté les sensations fortes, ça amène jamais rien d’bon. » souffle-t-il en se penchant à son tour.
« J’ai sûrement trop bu. Et si tu t’ennuies, et que j’peux t’être d’un quelconque amusement, j’t’en prie fais toi plaisir. » Le débit lent du murmure, que la charge d’alcool vient épaissir, lui fait presque douter qu’elle reçoive le message. Presque. Il se redresse, tourne la tête vers la salle, désormais vide. Tous ont déserté, abandonné le navire, rendu à la pièce son aura d’orpheline. Enfin. L’aisance revient. Et un nouveau verre avec elle. Il ne compte pas. Il ne compte plus. Ses doigts dansent sur le comptoir, font cliqueter les bagues qu’il porte avec régularité. Anneaux d’acier, simplistes et austères, qui escaladent les phalanges tatouées. Deux au niveau des pouces. Trois enlaçant le majeur de la main droite. Et un dernier, d’un argent terne, habille l’annulaire de la main gauche. Il a toujours aimé les bijoux. Neutres et solides.
« Y’a rien d’autre dans ton martini que ton martini. J’ai pas besoin de drogue si j’veux un truc d’une nana. En général. Mais p’têtre que madame est plus difficile ? Raconte moi un peu, maintenant qu’on est seuls, quelle idée tu t’fais d’un peu d’animation. » Il revient la fixer, quelques secondes, pose le verre vide qu’il ne s’est même pas vu saisir. Se relève, brusquement, dans un mouvement qui manque de justesse. Et qu’il révise en appuyant sa paume sur le comptoir.
« Faut vraiment qu’j’ferme avant qu’la nuit m’ramène une autre surprise. Tu peux rester. Tu peux bouger. A toi d’voir. C’est pas si mal, ici, une fois les lumières éteintes. » Accompagnant son commentaire d’un sourire en coin, il se sert, encore, laisse la bouteille en évidence cette fois, du whisky, et du bon, comme une invitation muette à abandonner sa boisson insipide pour quelque chose d’un peu plus puissant.
« Et donc, Nana, tu traînes souvent toute seule dehors dans des coins pas fréquentables ? C’est ça ton truc ? La semaine dernières, ils ont retrouvé deux corps qui flottaient peinardement. Bouffés par les crabes, les crevettes, et toutes les autres saloperies qui vivent dans l’eau. T’en as pas entendu parler ? Ils en ont fait tout un foin. Bref, on s’en branle, mais sans déconner, c’est dangereux par ici. » Il se demande, maintenant, pourquoi il cherche à la protéger, cette fille qu’il ne connait pas, qui n’a rien à faire là. Peut-être que c’est simplement son bon sens, rescapé d’une époque lointaine, qui lui assure l’évidence. Sa présence ici n’a rien de naturel. Rien de hasardeux. Elle est forcément venue pour quelque chose. Ou pour quelqu’un ? Ils sont seuls, désormais, et la piste entrevue s’écarte, s’écrase devant les faits.
« Nana. Pourquoi ? » La question s’échappe d’elle-même, sans même qu’il ne s’en rende compte, son regard embrumé caressant maintenant nonchalamment les courbes de l’intruse. L’ennui. Qu’elle lui a jeté au visage. Il le ronge, maintenant, s’étale dans son esprit, appelle avec ferveur n’importe quelle distraction qu’elle pourrait lui apporter.
« C’est comme être incapable d’étancher sa soif. C’est un besoin. Permanent. Impossible à combler. » Il parle encore, tout seul, timbre étouffé, râpeux. Oublie presque la présence de son interlocutrice. Les yeux dans le vague, les lèvres entrouvertes sur un soupir, il reprend pied dans le réel avec un sursaut brusque.
« Ouais. Sûrement trop bu. » commente-t-il avec un air d’excuse, avant de revenir s’assoir pesamment.
Annabelle Shaw
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Ce que j'écris: Un peu de tout, forcément avec Nana ça va verser dans le cannibalisme et le meurtre d'innocents animaux.
Dans quelles mesures: Selon mon humeur, je me trouve soft personnellement mais je suppose que ça depend de qui lit..
Mes TW: Aucun. Choquez-moi wesh, j'en rêve.
Limites du perso: Aucune, je suis une malade moi.
Intervention MJ: C'est moi le MJ. Tristesse.
Killing Strangers
ft.DamonLa porte s’ouvre, se referme une dernière fois, s’étouffe sur un silence nouveau, celui d’un tête-à-tête, une intimité qui s’impose, qui se presse. La musique se crache, fatiguée de l’heure : l’enceinte s’essouffle, laisse place au long râle souffrant d’un chauffe-eau. Il parle de ses cadavres, il ne sait pas qu’ils existent. Il ne sait pas qu’ils sont montagne sous ses pieds nus. Et s’il l’apprenait ? Si elle lui avouait, de but en blanc, ses petits péchés. Il ne la croirait pas, voilà la vérité. Ce secret si énorme, si improbable pour les autres. Dans l’ombre d’une candide imposture, elle essaie de s’infiltrer sous sa peau, sous le terne azur poché de ses yeux, tombants d’ébriété. Quelle est la pire chose qu’il ait faite ? Saviez-vous, que les désespérés le sont le plus souvent de culpabilité ? Celle d’avoir fait du mal, de s’être fait du mal, de s’être laissé avoir. Ils souffrent de se sentir coupable, se sentent coupable de souffrir.
L’essence même de la chasse, s’apparente à la conception de tout bon piège. Connaître sa proie, se cacher.
« J’ai arrêté les sensations fortes, ça amène jamais rien d’bon. »
Dit-il, en gobant son verre, comme un besoin primaire à brûler. Elle voit sa gorge se déployer pour laisser couler la liqueur d’une traite, elle ne rate rien de l’extension de ses veines, de la palpitation vive de son pouls. Il ment. Il n’attend que ça. L’absolution, pour sauter sur la première occasion de s’extirper de sa misérable vie de rat. Un ancien loup ? Réduit ? Domestiqué ? Muselé.
Annabelle ne se contentera pas de deviner.
« J’ai sûrement trop bu. Et si tu t’ennuies, et que j’peux t’être d’un quelconque amusement, j’t’en prie fais toi plaisir. »
La tournure de phrase, lui plaît. L’invitation amuse ses intentions. Elle porte à son verre des lèvres voluptueuses, l’alcool brille sur le rouge coquet, évoque un bon vin à déguster.
« Je ne suis pas du genre à me gêner, de toute évidence. »
Ses cils sont des papillons posés sur la ligne de ses paupières. Elle ne doute pas un instant d’elle-même. Les cliquetis métalliques portent son attention sur les bagues, nombreuses, bien différentes des siennes. L’acier froid et sobre se frotte à la chaleur de l’or massif, s’irise dans la transparence des pierres serties. Leurs différences s’en exerguent, et pourtant les relient par un goût commun de l’apparat, de la parade muette, de ce petit bout d’eux qu’ils offrent sans avoir besoin de l’admettre. Les bijoux, ils sont bavards.
Annabelle essaie de le cacher, mais elle ne peut pas s’empêcher de freiner des quatre fers, indubitablement, une forme de lueur coquine s’affaibli. Non pas que jouer avec des hommes mariés pose problème, mais plutôt que les femmes ont bien tendance à se préoccuper de leur éventuelle disparition. Elle peste en son for, ses plans s’effondrent, et c’est bien dommage, qu’elle se dit. Elle sentait quelques promesses sous les effluves de l’alcool, la môme, elle a le nez.
« Y’a rien d’autre dans ton martini que ton martini. J’ai pas besoin de drogue si j’veux un truc d’une nana. En général. Mais p’têtre que madame est plus difficile ? Raconte moi un peu, maintenant qu’on est seuls, quelle idée tu t’fais d’un peu d’animation. »
Son second verre en moins de quelques minutes. Le message est limpide. Elle tapote un ongle sur le comptoir, se pince les lèvres. L’idée qu’elle se fait d’un peu d’animation. Le dilemme s’installe doucereusement au coin de ses lèvres, mais elle ne peut s’empêcher de sourire, l’œil détourné. Elle sourit, parce qu’elle est supérieure. Elle est détentrice d’une pratique de l’extase qu’interdit la morale des Hommes. Elle sourit, parce que lui soupire l’écarlate profond de ses meilleurs souvenirs, que ce qui le ronge, lui pourrit la vie, elle l’a savouré, et même mille fois mieux : le sang d’un ami, ou d’un amant, tortures et hurlements. Il a un regard qui suinte. La lassitude, la solitude.
Elle est où, sa femme ? A combien de verres, elle s’efface ?
Il y a un mystère, au fond de sa bouteille. Annabelle pose son menton sur le dos de sa main, lui accorde de nouveau son regard, ses yeux s’intriguent, sa curiosité supplante son devoir. Elle ne perd rien à continuer.
La lumière oscille, une ampoule faiblit.
« Difficile ? Non. Mais j’ai certaines exigences. » Elle se penche vers lui, le volume de sa voix s’abaisse à chuchoter, l’invite à se tendre vers elle. « Ça implique essentiellement une chemise propre et beaucoup moins d’alcool. »
Il se relève, titube. Elle hausse un sourcil, sentencieuse.
« Faut vraiment qu’j’ferme avant qu’la nuit m’ramène une autre surprise. Tu peux rester. Tu peux bouger. A toi d’voir. C’est pas si mal, ici, une fois les lumières éteintes. »
« Et bien, tu m’as dit que tu fermais dans vingt minutes il y a très exactement… » elle laisse planer la dernière syllabe, jette un coup d’œil sur sa montre. « Trois minutes. Il m’en reste donc encore dix-sept. »
Il se resserre un verre. Annabelle ne bronche pas, si les effluves sont pestilentiels, l’alcool délie les langues. Elle l’écoute, pendant que dans sa bouche se noie le même fait divers, remâché depuis des semaines par toutes les commères d’Inverness. Son regard plane sur l’alliance, perdue au milieu des autres bagues, évidente. Et trotte dans sa tête, une seule question : quelle odeur à son sang ? En fait, elle s’en rend compte maintenant. Ses tripes s’excitent, la faim sera bientôt là. Son regard se perd. Son cœur pompe, elle voit cette chair, la plus jolie qu’elle ait trouvé depuis des semaines. Elle en a marre, des viandes douces que lui réclament ses tantes. Elle sûre qu’il est amer, comme un bon café.
« Bref, on s’en branle, mais sans déconner, c’est dangereux par ici. »
« Je n’ai pas peur. »
Le ton monocorde, doux, dénonce son absence, et en retrouvant les yeux du barman, elle se redresse, se recompose, fausse un sourire.
« Nana. Pourquoi ? »
Elle reste muette. Elle s’enquiert d’un œil inquiet. Il part, elle craint qu’il ne s’étale sur son comptoir, qu’elle ne puisse plus rien en tirer.
« C’est comme être incapable d’étancher sa soif. C’est un besoin. Permanent. Impossible à combler. »
Elle se concentre de nouveau, enfin. Elle adopte une nouvelle posture, plus solennelle. Ses pupilles caressent ce revirement, ce désespoir qu’elle veut effeuiller. Elle le cherche, prend une voix, plus douce. Une forme de fermeté l’invite, tente de le rassurer. Elle ne le lâche pas du regard. Sa main se pose à plat sur le verre plein, l’éloigne du barman. S'il continue à ce rythme, il ne tiendra pas les prochaines minutes sur ses deux jambes.
« Ce type de soif, ne s’étanche pas avec du whisky. »
Voilà, pourquoi elle est là, au final. Pour cet instant où la méfiance se rompt, où un inconnu, sans jamais vraiment savoir pourquoi, se confie, offre ses faiblesses en pâture, à cause d’un verre de trop.
« Ouais. Sûrement trop bu. »
Il s’assoit, pataud. Annabelle souffle. Elle se tait, plonge ses pupilles sur les affiches, les laisse courir au gré des bouteilles. Elle fait croire que ça lui coûte, c’est facile, de mimer des choses qu’un jour, l’on a ressenti.
« Si ça t’intéresse vraiment… C’est le genre d’endroits que je mérite. Je vaux pas mieux que n’importe quel poivrot paumé dans n’importe quel trou à rat. C’est bien, si c’est dangereux. Y'a des trucs... qui mérite pas le pardon.»
Ses paupières se figent, ses yeux restent désespérément secs, ils fuient. Les cils se baissent, ils la cache un peu, la protège d’un noir rideau. Elle pense à cette adolescence secrète, à ces couteaux tremblants. Sa poigne n’a pas toujours été ferme. Elle ravale.
« J’ai vu ton alliance. Les hommes heureux en ménage picolent rarement comme des trous. » Elle s’accoude, enlace son blazer, tout en tenant sa joue. Elle pince ses lèvres. « Elle t’as quittée ? »
Elle sent sa poitrine vibrer. Son cœur à elle. Il pompe un peu plus fort.
Allez, crache-le morceau.
by ashling sur epicode
Daemon Grant
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Ce que j'écris: Un peu de tout, donc glissez-moi vos TW en mp
Dans quelles mesures: J'mets pas mal de détails en général
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Limites du perso: On évite la mort pour le moment, le reste c'est ok
Intervention MJ: Oui
Drôle comme les choses changent. Evoluent. Comme une pensée en chasse une autre. C’est juste leur solitude maintenant, liée par le verre qu’elle éloigne. Il relève la tête, suit le mouvement d’un air quelque peu hébété, amorce un mouvement pour récupérer son bien, abandonne vite, toutefois, buvant à la place les paroles de la fille. Elle se découvre, et il a presque peur maintenant que son ébriété manifeste la fasse fuir. Subitement, il est las.
« Des trucs qui méritent pas le pardon ? » relève-t-il avant d’écarquiller les yeux, soufflé par ce qui vient ensuite.
« Quoi ?! » La dernière question le prend au dépourvu, lui fait observer ses bagues, incrédule, dessine sur ses traits fins une expression d’ahurissement absolu.
« Je… » Pendant quelques secondes d’un silence épais, il semble trembler, secoué par ce qui s’annonce être une vague d’hilarité qu’il ne peut réprimer. Le rire franc qui s’échappe de ses lèvres contraste avec l’atmosphère intimiste du pub.
« Elles me quittent toutes, mais pas pour les raisons que tu t’imagines. » Le sourire qu’il affiche lui monte jusqu’aux yeux, taille aux coins de ces derniers de minuscules sillons.
« C’est ça qui t’intrigue ? » demande-t-il en agitant devant elle le doigt incriminé, porteur de la bague fautive.
« C’est pas une alliance, c’est un trophée. » Il sourit de plus belle, sans fournir d'explication, l’humeur plus légère.
« Nana. T’es vraiment bizarre. J’sais pas si tu m’allumes ou si tu t’amuses juste. P’t’être un peu des deux. Sûrement un peu des deux. Mais si t’attends quelque chose de moi, ce soir, tu ferais mieux de me le dire maintenant, avant que tout c’que j’ai bu s’retourne définitivement contre moi. » Comme une main tendue. Une approche peu subtile. Un désir, aussi, encore hésitant, de savoir enfin ce qu’elle trafique dans les parages.
« Si c’était pour un plan cul, tu m’aurais déjà sauté dessus. J’me trompe ? » Il a retrouvé un air sérieux, pensif, bien qu’il affiche encore dans la courbure des lèvres et la ligne lisse de la mâchoire quelques restes d’amusement. Pour le moment, égarée la solitude, oublié le renoncement, un regain d’intérêt l’habite, une chance d’avoir, pour un soir, le présent d’une compagnie nouvelle. Ses mains reviennent peser sur le comptoir et ses épaules s’avachissent quelque peu alors qu’en fond, au-delà de leur conversation, la radio crache quelques notes de piano.
« J’aime pas l’mariage. J’aime pas m’sentir forcé. » L’énergie de nouveau le quitte, capricieuse, et les mots s’enchaînent sans fluidité, rythme cassé par l’effort qu’il place dans l’articulation. Être compréhensible. Poursuivre l’échange. Pouvoir capter encore, sans en avoir l’air, les mouvances dans le regard de l’autre. Et capturer, peut-être, au moins les rudiments de leurs secrets. Secrète. Voilà ce qu’elle est. Voilà de quoi elle a l’air. Un rappel cuisant de la manière dont il passe ses soirées. Machinalement, il tire sur son marcel, découvre un peu de la tête de mort qui lui tapisse la gorge. Encre noire sur fond de peau. Parfois, lorsqu’il fixe ses tatouages, il lui semble presque voir les lignes s’animer sous ses yeux. Leur immobilité, à peine rompue de quelques mouvements d’usage, lui paraît brutale, insupportable. Il se relève, un peu trop vite, manque presque s’étaler sur elle, sur sa visiteuse, avant de se rattraper in extremis au comptoir, une fois de plus.
« Tu veux sortir avec moi, Nana ? » souffle-t-il dans l’urgence de briser l’inertie. Il faut qu’il sorte. Qu’il prenne l’air. Qu’il remette un peu d’ordre dans sa soirée.
« Un tour au port ? Admirer les cadavres, respirer les embruns, les relents d’poisson pourri ? Romantisme assuré. » Les doigts crispés sur le rebord de bois, il attend la réponse, s’apaise dans le même temps par la mélodie que les enceintes ressassent, calme, rassurante, comme la voix de la femme. Il a l’habitude des minettes. De celles qui se laissent entraîner, incapables de la moindre décision, froussardes du moindre choix. Nana est une nouveauté, et il en oublie ses automatismes, son dirigisme, noie son autorité pour se garder sa présence. Encore un peu. Parce qu’il le sent, la moindre erreur avec elle, et l’apparition s’évaporerait, ne lui laisserait de la rencontre que le gout amer d’un songe éveillé, d’un réveil face à face avec lui-même, sans personne à qui parler. Le poison lui est connu. Il se pensait immunisé. Se découvre une faiblesse consciente mais camouflée. Et ne sait plus, du coup, ce qu’il essaye de poursuivre.
« Fais chier. » marmonne-t-il pour lui-même, les lèvres mordues sous une frustration légitime.
« J’arrive même plus à penser. » Un aveu détestable, mais nécessaire, pour exprimer, expliquer la confusion visible dont il est l’objet.
« Alors, on sort ? » La demande prend des allures de prière alors qu’il l’observe, les yeux mi-clos, ses cils, un peu trop longs, projetant leur ombre sur ses joues. La chanson s’achève sur une tonalité un peu aigre. Le temps est écoulé.
« T’as dit qu’t’avais pas peur. J’avais pas peur non plus, avant. » La phrase sonne comme un reproche alors que le regard qu’il lui porte s’assombrit, suspicieux.
« C’est quoi ton secret ? » réclame-t-il sourdement.
« Des trucs qui méritent pas le pardon ? » relève-t-il avant d’écarquiller les yeux, soufflé par ce qui vient ensuite.
« Quoi ?! » La dernière question le prend au dépourvu, lui fait observer ses bagues, incrédule, dessine sur ses traits fins une expression d’ahurissement absolu.
« Je… » Pendant quelques secondes d’un silence épais, il semble trembler, secoué par ce qui s’annonce être une vague d’hilarité qu’il ne peut réprimer. Le rire franc qui s’échappe de ses lèvres contraste avec l’atmosphère intimiste du pub.
« Elles me quittent toutes, mais pas pour les raisons que tu t’imagines. » Le sourire qu’il affiche lui monte jusqu’aux yeux, taille aux coins de ces derniers de minuscules sillons.
« C’est ça qui t’intrigue ? » demande-t-il en agitant devant elle le doigt incriminé, porteur de la bague fautive.
« C’est pas une alliance, c’est un trophée. » Il sourit de plus belle, sans fournir d'explication, l’humeur plus légère.
« Nana. T’es vraiment bizarre. J’sais pas si tu m’allumes ou si tu t’amuses juste. P’t’être un peu des deux. Sûrement un peu des deux. Mais si t’attends quelque chose de moi, ce soir, tu ferais mieux de me le dire maintenant, avant que tout c’que j’ai bu s’retourne définitivement contre moi. » Comme une main tendue. Une approche peu subtile. Un désir, aussi, encore hésitant, de savoir enfin ce qu’elle trafique dans les parages.
« Si c’était pour un plan cul, tu m’aurais déjà sauté dessus. J’me trompe ? » Il a retrouvé un air sérieux, pensif, bien qu’il affiche encore dans la courbure des lèvres et la ligne lisse de la mâchoire quelques restes d’amusement. Pour le moment, égarée la solitude, oublié le renoncement, un regain d’intérêt l’habite, une chance d’avoir, pour un soir, le présent d’une compagnie nouvelle. Ses mains reviennent peser sur le comptoir et ses épaules s’avachissent quelque peu alors qu’en fond, au-delà de leur conversation, la radio crache quelques notes de piano.
« J’aime pas l’mariage. J’aime pas m’sentir forcé. » L’énergie de nouveau le quitte, capricieuse, et les mots s’enchaînent sans fluidité, rythme cassé par l’effort qu’il place dans l’articulation. Être compréhensible. Poursuivre l’échange. Pouvoir capter encore, sans en avoir l’air, les mouvances dans le regard de l’autre. Et capturer, peut-être, au moins les rudiments de leurs secrets. Secrète. Voilà ce qu’elle est. Voilà de quoi elle a l’air. Un rappel cuisant de la manière dont il passe ses soirées. Machinalement, il tire sur son marcel, découvre un peu de la tête de mort qui lui tapisse la gorge. Encre noire sur fond de peau. Parfois, lorsqu’il fixe ses tatouages, il lui semble presque voir les lignes s’animer sous ses yeux. Leur immobilité, à peine rompue de quelques mouvements d’usage, lui paraît brutale, insupportable. Il se relève, un peu trop vite, manque presque s’étaler sur elle, sur sa visiteuse, avant de se rattraper in extremis au comptoir, une fois de plus.
« Tu veux sortir avec moi, Nana ? » souffle-t-il dans l’urgence de briser l’inertie. Il faut qu’il sorte. Qu’il prenne l’air. Qu’il remette un peu d’ordre dans sa soirée.
« Un tour au port ? Admirer les cadavres, respirer les embruns, les relents d’poisson pourri ? Romantisme assuré. » Les doigts crispés sur le rebord de bois, il attend la réponse, s’apaise dans le même temps par la mélodie que les enceintes ressassent, calme, rassurante, comme la voix de la femme. Il a l’habitude des minettes. De celles qui se laissent entraîner, incapables de la moindre décision, froussardes du moindre choix. Nana est une nouveauté, et il en oublie ses automatismes, son dirigisme, noie son autorité pour se garder sa présence. Encore un peu. Parce qu’il le sent, la moindre erreur avec elle, et l’apparition s’évaporerait, ne lui laisserait de la rencontre que le gout amer d’un songe éveillé, d’un réveil face à face avec lui-même, sans personne à qui parler. Le poison lui est connu. Il se pensait immunisé. Se découvre une faiblesse consciente mais camouflée. Et ne sait plus, du coup, ce qu’il essaye de poursuivre.
« Fais chier. » marmonne-t-il pour lui-même, les lèvres mordues sous une frustration légitime.
« J’arrive même plus à penser. » Un aveu détestable, mais nécessaire, pour exprimer, expliquer la confusion visible dont il est l’objet.
« Alors, on sort ? » La demande prend des allures de prière alors qu’il l’observe, les yeux mi-clos, ses cils, un peu trop longs, projetant leur ombre sur ses joues. La chanson s’achève sur une tonalité un peu aigre. Le temps est écoulé.
« T’as dit qu’t’avais pas peur. J’avais pas peur non plus, avant. » La phrase sonne comme un reproche alors que le regard qu’il lui porte s’assombrit, suspicieux.
« C’est quoi ton secret ? » réclame-t-il sourdement.
Annabelle Shaw
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Ce que j'écris: Un peu de tout, forcément avec Nana ça va verser dans le cannibalisme et le meurtre d'innocents animaux.
Dans quelles mesures: Selon mon humeur, je me trouve soft personnellement mais je suppose que ça depend de qui lit..
Mes TW: Aucun. Choquez-moi wesh, j'en rêve.
Limites du perso: Aucune, je suis une malade moi.
Intervention MJ: C'est moi le MJ. Tristesse.
Killing Strangers
ft.DamonIl se marre. Ses ongles se plantent dans le tweed de son blazer. D’un œil surpris, un pli retroussé, sa bouche tique, et l’élan est boudeur.
L’air, asphyxié de poussière et des relents de fumée tiède, auréole son inquiétude. Sa déception lui coule sur le visage, depuis la vue de cette bague. Et lui, il se marre.
Elle hausse un sourcil, mais tout son visage se fronce. L’opportunité s’affadie sous la gêne de son erreur : mais il y a un bien meilleur fautif qu’elle. Annabelle ne rit pas. Elle regarde le fond de martini qui sourit encore dans son verre, son reflet déformé lui renvoie des couleurs hilares. Sa moue glisse, furibonde, une inspiration : ravalée. Elle siffle, un petit animal pris au dépourvu, un éclat d’authenticité, qui scinde le jeu, y laisse une fine faille s’esquisser.
« Un trophée ? Et tu ne t’es pas dit qu’il avait plus sa place sur l’annulaire droit ? C’est tellement…», sa voix se gonfle, d’un dramatisme obtus, se bloque pour s’accorder la recherche d’un terme plus poli. « Négligeant ! »
La tempête s’agite dans les lames bleues de ses prunelles, l’amertume glisse sur sa nuque tendue, balaie d’un vent violent tout intérêt, sur la prétendue victoire qui lui avait valu cette récompense, qu’il avait jugé malin d’afficher sur le doigt d’un marié. Alors qu’elle détourne son visage pour offrir son attention à une salle vide, bien plus méritante, ses fins doigts se détendent, et de concert, écartent pompeusement sa queue de cheval de son épaule.
Annabelle envisage de le tuer. Furtivement, par vanité. Son œil soupire, curieux, il glisse sur le côté, retrouve vite la mâchoire fine du tatoué. Il a encore à la commissure de ses lèvres, à l’orée de son piercing, un malin sourire. Elle cède, et admet un rire gêné, agite élégamment sa main devant lui.
« C’est bon, arrêtes de sourire, je me suis trompée, c’est pas si marrant ! »
« Nana. T’es vraiment bizarre. J’sais pas si tu m’allumes ou si tu t’amuses juste. P’t’être un peu des deux. Sûrement un peu des deux. Mais si t’attends quelque chose de moi, ce soir, tu ferais mieux de me le dire maintenant, avant que tout c’que j’ai bu s’retourne définitivement contre moi. »
Elle ouvre une bouche ronde, sa langue caresse l’intérieur de ses joues, un quelque chose de coupable, une confession muette. Démasquée d’une attitude dont elle ne cache pourtant rien.
« Si c’était pour un plan cul, tu m’aurais déjà sauté dessus. J’me trompe ? »
Il se moque des petites manigances, attrape la vérité nue que cache les petits jeux taquins des petites allumeuses, ceux qui sont bien connus, mais que les autres se plaisent à laisser jouer. Il est rustre, sa franchise est outrageante. Un animal sans commune décence. Il s’impose à elle, énonce ses propres règles. Elle ouvre un œil nouveau sur l’homme, elle prend un instant pour savourer cet intérêt, cette sincérité inattendue. Une forme d’autorité se frotte à la sienne, l’émousse. A peine. Assez pour que lui vienne une envie. Une idée.
Un instant, sa respiration s’accélère. Sous ses paupières, l’opale cérulée s’avive.
« Ce que tu es vulgaire ! » Dans sa voix, l’insulte prend des airs de compliment. Entre ses joues s’étire une ironie secrète. « J’ai des manières, figures-toi ! Tu préfères peut-être être traité comme un bout de viande ?»
Elle ne confirme, ni ne nie rien. Elle veut que le doute plane, elle veut des limites. Elle veut tirer sur quelques cordes, le tester. Elle veut un nom sur la chair. Celui-ci, il sera rien que pour elle. Une moue pensive précède un regard prospecteur. Elle s’adapte aux nouvelles règles.
« Je ne sais pas encore ce que je vais faire de t’avoir rencontré. Je ne connais même pas ton nom. »
Elle se mordille la lèvre. Ses prunelles courent sur la ligne de la silhouette haute qui s’appuie sur le comptoir. La tête de mort se plie, facétieuse, entre ses clavicules, l’encre souligne l’aplat de ses joues. La courbure de ses épaules entraîne l’œil vers son front. Ses sourcils tombent sur son visage, l’assombrit un peu plus que les mèches noires qui courent sur sa nuque. Il y a un homme, prisonnier de sa viande, elle le voit, maintenant. Ses deux mains tiennent son assise, et sa voix est sûre.
« Tu m’intrigues. C’est tout ce que je sais. »
Elle le voit tanguer vers elle, lorsqu’il se relève. Un sursaut la saisit, elle laisse tomber son buste vers l’arrière, pour éviter d’être écrasée. Elle le préfèrerait plus sobre, indéniablement. Qu’est ce qui est de l’alcool, qu’est-ce qui ne l’est pas. Cette confusion l’ennui, fait pointer, au rythme d’un ongle tapotant le bois, une forme de frustration.
« Tu veux sortir avec moi, Nana ? » Elle lève la tête, il la surplombe. Ses lèvres s’interrogent.
« Un tour au port ? Admirer les cadavres, respirer les embruns, les relents d’poisson pourri ? Romantisme assuré. »
Annabelle ne peut s’empêcher de pouffer. La brume lui file sous les yeux, le moindre mouvement attire ses pupilles. Des ronces se meuvent, se resserrent sur son bras, soulignent la tension du muscle, crispé pour ne pas s’écraser. Il galère. Elle mime une hésitation factice.
« Difficile de refuser une proposition si alléchante. » Elle se relève sur son sarcasme, son regard se glisse plus près. Annabelle a cette petite fuite, ses yeux s’approchent, et se ravisent, se cachent toujours, l’espace d’une seconde, pour penser. Puis ils reviennent, confiants. Longtemps, elle a tenté de se débarrasser de cette manie, de cet aveu de faiblesse. Elle le jauge. Il a les yeux vitreux. Elle se laisse distraire par l’œuvre humaine qui traverse sa peau, avec une moue incertaine. Elle lui saisit encore le regard, une conclusion aux lèvres. « Si tu tombes, je t’abandonnerai sur le bitume. »
Elle s’écarte, soulève ce qui reste de son verre, pour l’engloutir. Elle ne le quitte pas des yeux, en enfilant son blazer. Elle l’écoute à peine, en tirant sur ses manches, en se défroissant.
Le pub semble soudain bien plus silencieux, fait le deuil de ses derniers occupants. Annabelle sent ses oreilles se gonfler, un courant d’air la prépare à l’extérieur, au parfum de l’iode. Elle veut profiter de la lumière, sort un poudrier de son sac, vérifie son maquillage machinalement. Elle se prépare, vire du bout de l’ongle une saleté visible d’elle seule, qui la défigurait.
« Alors, on sort ? »
Elle répond d’un regard fuyant, le poudrier claque, fait écho au temps qui se lasse. Son pas est leste, l’amène devant lui. La porte grince l’air frais d’une nuit obscure, balayée par un éclairage public défaillant. Un vent marin lui frappe le visage, elle s’emmitoufle, respire les embruns. Le son bruisse, des écumes, qui langoureusement se déposent sur les berges du Moray Firth. Au loin, quelque chose se froisse. Annabelle devrait s’en aller. Peut-être qu’elle ne tirerait rien de cet homme saoul.
« T’as dit qu’t’avais pas peur. J’avais pas peur non plus, avant. » Elle hésite, lui laisse le soin de refermer la porte derrière lui. « C’est quoi ton secret ? »
Sa réponse tranche dans l’air.
« Mon secret pour quoi ? Pour ne pas avoir peur ? »
Elle ne veut pas lui répondre. Une moue désobligeante l’en empêche. Elle pose une main sur ses hanches, elle a à exclamer, la donzelle, quelques petites revendications.
« Je trouve que tu poses beaucoup de questions, pour quelqu’un qui dit porter un trophée à son annulaire, sans plus apporter de détails. »
L’un de ses escarpins s’enfuit, alors qu’elle souligne sa voix fraîche d’un pas. Son pied tâtonne, à la recherche du juste emplacement. L’angle est peu pratique, sa langue claque sur son palais, râle à la nuit ses tout petits tracas.
« Tu vois, moi aussi, je suis curieuse.»
Elle trouve sa chausse, l’enfile d’un coup sec. Elle regarde, à son envie au bout de ses lèvres. Le soir profond lui noircit les veines, le bleu des yeux, rendu obscur, n’a plus d’humeur sous l’ombre qui le brise en deux. Le néon du bar clignote, souffre d’une étincelle de mort. La môme s’approche. Elle peine à suivre le mouvement de son regard. Il est sûrement tombant.
« Je me demandes, de quoi tu peux bien avoir peur, maintenant ? »
Ses escarpins dansent, elle colle son bras contre le sien, lui offre un sourire intime, avant de laisser glisser sa main sur son bras. Elle amorce une marche, sans trop y songer. Elle veut marcher.
« Vers la marina ? On y trouve les meilleurs cadavres et le meilleur poisson pourri, paraît-il. »
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Daemon Grant
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Ce que j'écris: Un peu de tout, donc glissez-moi vos TW en mp
Dans quelles mesures: J'mets pas mal de détails en général
Mes TW: Aucun
Limites du perso: On évite la mort pour le moment, le reste c'est ok
Intervention MJ: Oui
La gifle de l’air froid est salutaire, tonique, malgré les relents viciés qui se traînent dans la brise. Damon n’a pas pris la peine de se couvrir, frisonne dans le tissu léger qui le couvre à peine, mais son regard est plus vif, déjà porté sur le bout de la rue que la pénombre noie. Les lampadaires sont en grève, et la voie déserte prend des allures de cimetière. Isolée, la zone n’a rien d’autre à offrir que les reliefs lugubres de ses bâtiments, abandonnés pour l’heure, et le chuintement triste de quelques détritus poussés par le vent. Marcher le réchauffera sûrement, songe-t-il alors que la porte du bar claque derrière eux. Il ne verrouille pas, se contente de quelques pas hésitants en direction du port, sa concentration ne lui autorisant qu’une marche maladroite et instable. Nana ? Il ne la regarde pas, pour l’heure, essaye plutôt de rendre à sa démarche une souplesse sobre, échoue lamentablement et s’appuie finalement contre le bras qu’elle lui prend.
« J’ai peur de tout. » lâche-t-il dans un sourire faux, qui ignore superbement celui qu’elle lui envoie.
« Va pour le poisson pourri, si c’est l’idée qu’tu t’fais d’une bonne soirée. » Un ricanement bref, il corrige enfin son équilibre, lui rend un peu d’aisance pour s’éviter une chute malencontreuse dans les bras de la belle. Absurde inversion des rôles. Il ne veut pas qu’elle le soutienne, dégage la prise faible de la jeune femme pour enrouler un bras autour de ses épaules, accompagne ses pas, un peu gauche mais moins flageolant, déjà. De loin, on pourrait les prendre pour un couple. L’idée l’amuse, lui fait resserrer légèrement cette étreinte qui n’en est pas vraiment une. Après tout, elle pourrait aussi bien le repousser, s’enfuir dans la nuit déjà noire, et ne laisser derrière qu’un vague effluve féminin.
« Le trophée c’en est pas un. C’est plus un souvenir. Tu sais, l’genre de vieux truc qu’on garde sans même y penser. C’était la bague de mon père. Ce fils de pute. Pas comme si j’avais la moindre raison d’le célébrer. Mais j’ai toujours bien aimé cet anneau. J’m’appelle Damon, au fait. En plus d’être vulgaire, comme t’as pu remarquer, j’ai aucunes manières. » Il renifle, rectifie sa trajectoire pour ne pas entraîner Nana avec lui dans le caniveau, ajoute, après un petit silence, dans un sourire sincère cette fois, qu’il balance dans le noir.
« J’ai rien contre l’fait d’être traité comme un bout d’viande. Pourquoi ça devrait m’déranger. C’déjà une forme d’intérêt tu crois pas ? Alors, raconte-moi maintenant, c’que j’peux avoir d’intriguant. J’suis pas assez raide pour ignorer qu’j’ai tout d’un pauvre type, le genre qu’les meufs comme toi ignorent en général. Pour leur bien. » Le sourire s’élargit, et il presse même un peu l’allure, comme s’il avait hâte de finalement les voir, ces cadavres jetés sur la table en guise de raison pour une excursion.
« Tu vis ici depuis longtemps ? Le bar, tu l’as vraiment trouvé par hasard ? J’ai dû m’démener pour trouver le coin le plus paumé possible, sans pour autant sortir d’la ville. C’était d’un chiant. Mais finalement, j’suis tombé sur ce trou. C’était à vendre. C’était donné. J’ai pas cherché. T'es dure à cerner, Nana. En général, les meufs, j'sais ce qu'elles veulent, c'est vraiment pas sorcier, mais toi... » Phrase laissée en suspens. Il plisse les paupières, apprécie la lumière neuve dispensée par la lune pleine qui, d’en haut, semble presque les surveiller. Un miaulement plaintif se fait entendre non loin, lui fait tourner la tête. Et son équilibre précaire en profite pour le faire trébucher, sournoisement. C’est à une rambarde proche qu’il se rattrape, plutôt qu’à sa compagne, dans un juron étouffé et un battement de bras un peu désespéré. Au moins, il s’évite le pire, et à elle aussi.
« Désolé, c’est un peu compliqué. » justifie-t-il en observant le port qui se dessine, inspirant à pleins poumons les odeurs de sel et de machines.
« C’est juste là qu’ils ont retrouvé les corps, j’crois. » lance-t-il en s’approchant un peu, pas trop, du bord de l’eau. Les vaguelettes lèchent le béton, les immenses silhouettes de quelques bateaux semblent prises d’ivresse elles-aussi, balancent paisiblement leur ombre sur les flots. Le calme intense est presque dérangeant. Et le vent qui n’en finit pas de leur chuinter aux oreilles, agressif maintenant qu’aucun obstacle ne vient plus le ralentir.
« C’est glauque putain. » La remarque est jetée dans un froncement de sourcils, avant que son attention ne revienne toute entière sur Nana. « T’es plutôt jolie, si c’était moi qui t’traitais comme un bout d’viande, ça ferait quoi ? » Le ton ne dissimule rien de la plaisanterie, ne laisse aucun doute quant à l’absence de sérieux dont il fait actuellement preuve.
« J’suis claqué putain, mais j’crois j’suis mieux dehors qu’à picoler. T’as pas froid ? » Elle est certes plus couverte que lui, mais les éléments ne décolèrent pas, et la lueur même de la lune se fait discrète, voilée par un amas de nuages conséquent. Faudrait pas qu’il se mette à flotter, songe-t-il avec un coup d’œil inquiet vers le ciel.
« On va s’faire tremper d’ici dix minutes si on reste dans l’coin. Les entrepôts sont pas gardés par ici, on peut squatter si ça tombe. »
« J’ai peur de tout. » lâche-t-il dans un sourire faux, qui ignore superbement celui qu’elle lui envoie.
« Va pour le poisson pourri, si c’est l’idée qu’tu t’fais d’une bonne soirée. » Un ricanement bref, il corrige enfin son équilibre, lui rend un peu d’aisance pour s’éviter une chute malencontreuse dans les bras de la belle. Absurde inversion des rôles. Il ne veut pas qu’elle le soutienne, dégage la prise faible de la jeune femme pour enrouler un bras autour de ses épaules, accompagne ses pas, un peu gauche mais moins flageolant, déjà. De loin, on pourrait les prendre pour un couple. L’idée l’amuse, lui fait resserrer légèrement cette étreinte qui n’en est pas vraiment une. Après tout, elle pourrait aussi bien le repousser, s’enfuir dans la nuit déjà noire, et ne laisser derrière qu’un vague effluve féminin.
« Le trophée c’en est pas un. C’est plus un souvenir. Tu sais, l’genre de vieux truc qu’on garde sans même y penser. C’était la bague de mon père. Ce fils de pute. Pas comme si j’avais la moindre raison d’le célébrer. Mais j’ai toujours bien aimé cet anneau. J’m’appelle Damon, au fait. En plus d’être vulgaire, comme t’as pu remarquer, j’ai aucunes manières. » Il renifle, rectifie sa trajectoire pour ne pas entraîner Nana avec lui dans le caniveau, ajoute, après un petit silence, dans un sourire sincère cette fois, qu’il balance dans le noir.
« J’ai rien contre l’fait d’être traité comme un bout d’viande. Pourquoi ça devrait m’déranger. C’déjà une forme d’intérêt tu crois pas ? Alors, raconte-moi maintenant, c’que j’peux avoir d’intriguant. J’suis pas assez raide pour ignorer qu’j’ai tout d’un pauvre type, le genre qu’les meufs comme toi ignorent en général. Pour leur bien. » Le sourire s’élargit, et il presse même un peu l’allure, comme s’il avait hâte de finalement les voir, ces cadavres jetés sur la table en guise de raison pour une excursion.
« Tu vis ici depuis longtemps ? Le bar, tu l’as vraiment trouvé par hasard ? J’ai dû m’démener pour trouver le coin le plus paumé possible, sans pour autant sortir d’la ville. C’était d’un chiant. Mais finalement, j’suis tombé sur ce trou. C’était à vendre. C’était donné. J’ai pas cherché. T'es dure à cerner, Nana. En général, les meufs, j'sais ce qu'elles veulent, c'est vraiment pas sorcier, mais toi... » Phrase laissée en suspens. Il plisse les paupières, apprécie la lumière neuve dispensée par la lune pleine qui, d’en haut, semble presque les surveiller. Un miaulement plaintif se fait entendre non loin, lui fait tourner la tête. Et son équilibre précaire en profite pour le faire trébucher, sournoisement. C’est à une rambarde proche qu’il se rattrape, plutôt qu’à sa compagne, dans un juron étouffé et un battement de bras un peu désespéré. Au moins, il s’évite le pire, et à elle aussi.
« Désolé, c’est un peu compliqué. » justifie-t-il en observant le port qui se dessine, inspirant à pleins poumons les odeurs de sel et de machines.
« C’est juste là qu’ils ont retrouvé les corps, j’crois. » lance-t-il en s’approchant un peu, pas trop, du bord de l’eau. Les vaguelettes lèchent le béton, les immenses silhouettes de quelques bateaux semblent prises d’ivresse elles-aussi, balancent paisiblement leur ombre sur les flots. Le calme intense est presque dérangeant. Et le vent qui n’en finit pas de leur chuinter aux oreilles, agressif maintenant qu’aucun obstacle ne vient plus le ralentir.
« C’est glauque putain. » La remarque est jetée dans un froncement de sourcils, avant que son attention ne revienne toute entière sur Nana. « T’es plutôt jolie, si c’était moi qui t’traitais comme un bout d’viande, ça ferait quoi ? » Le ton ne dissimule rien de la plaisanterie, ne laisse aucun doute quant à l’absence de sérieux dont il fait actuellement preuve.
« J’suis claqué putain, mais j’crois j’suis mieux dehors qu’à picoler. T’as pas froid ? » Elle est certes plus couverte que lui, mais les éléments ne décolèrent pas, et la lueur même de la lune se fait discrète, voilée par un amas de nuages conséquent. Faudrait pas qu’il se mette à flotter, songe-t-il avec un coup d’œil inquiet vers le ciel.
« On va s’faire tremper d’ici dix minutes si on reste dans l’coin. Les entrepôts sont pas gardés par ici, on peut squatter si ça tombe. »
Annabelle Shaw
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Ce que j'écris: Un peu de tout, forcément avec Nana ça va verser dans le cannibalisme et le meurtre d'innocents animaux.
Dans quelles mesures: Selon mon humeur, je me trouve soft personnellement mais je suppose que ça depend de qui lit..
Mes TW: Aucun. Choquez-moi wesh, j'en rêve.
Limites du perso: Aucune, je suis une malade moi.
Intervention MJ: C'est moi le MJ. Tristesse.
Killing Strangers
ft.DamonLa viande l’entoure, fond sur ses épaules. Elle se sent frêle, sous le poids de ce bras qui l’étreint. Elle penche sa tête, et sa joue en vient à effleurer l’épaule nue, frappée par la fraîcheur marine que la baie expire. Elle est chaude, cette épaule. La peau pulse, le sang vrombit. Cette ondée la rassure. Il a un cœur en bonne santé, ce Damon, un cœur lent, qui dessert de rigides artères. Elle l’entend d’ici, Annabelle, dans sa jugulaire, le rythme assourdi de ce cœur, et elle le sent jusque dans son estomac, qui se contracte, mime une digestion qu’il réclame. Le sifflement de l’air s’efface sous le songe d’une marée rouge, au pouls qui s’étend, résonne dans tout le corps de l’homme. L’odeur de l’alcool la réveille. L’anneau de son père. Apparemment minable. Les pères le sont souvent, ils sont bien meilleur mangés.
« J’ai rien contre l’fait d’être traité comme un bout d’viande. Pourquoi ça devrait m’déranger. C’déjà une forme d’intérêt tu crois pas ? Alors, raconte-moi maintenant, c’que j’peux avoir d’intriguant. J’suis pas assez raide pour ignorer qu’j’ai tout d’un pauvre type, le genre qu’les meufs comme toi ignorent en général. Pour leur bien. »
Un épais sourire lui ébrèche le visage, l’éclat bleuet de la lune se reflète sur ses dents.
« Pour mon bien ? C’est une menace, ou un avertissement ? »
Elle rit. Elle n’a pas peur de lui, Annabelle n’a pas peur des hommes. Pourtant, il n’aurait qu’à serrer un peu plus son bras, pour si aisément l’asphyxier. D’un coup sec et violent, gratuitement, lui briser le cou. Peut-être, après tout, était-ce lui, qui avait jeté ces cadavres dans la baie. Il suffirait d’une erreur, toute bête. D’un excès d’orgueil, pour que tout tourne noir. Son esprit se glisse vers sa cuisse, y sent toujours son cran d’arrêt, bien caché.
« Tu vis ici depuis longtemps ? Le bar, tu l’as vraiment trouvé par hasard ? J’ai dû m’démener pour trouver le coin le plus paumé possible, sans pour autant sortir d’la ville. C’était d’un chiant. Mais finalement, j’suis tombé sur ce trou. C’était à vendre. C’était donné. J’ai pas cherché. T'es dure à cerner, Nana. En général, les meufs, j'sais ce qu'elles veulent, c'est vraiment pas sorcier, mais toi... »
Annabelle regarde devant elle, les ombres pointues des mâts, les bâtiments qui suivent la houle, amarrés aux pontons. Le bois des bateaux couine, chaque claquement de l’eau résonne dans les cales.
« Je suis née ici. J’ai fait mes études à Glasgow, ça fait deux mois que je suis revenue. Quand je suis partie, ton bar, c’était un poissonnier. »
Et un mauvais poissonnier. Ce qui avait pu pousser un homme à acheter cet endroit et en faire un bar lui passe au-dessus de la tête. Pourquoi ouvrir un bar, mais avoir si peu envie d’en ouvrir un, qu’il l’avait fait dans des locaux aussi miteux ? Il court vers sa faillite, comme on court vers la mort, une seringue dans le bras. Un sourire franc, aux airs un peu moqueurs, plane sous le nez retroussé de la môme. Comme s’il recherchait cette misère. Presque consciemment.
Il lâche son étreinte, soudain, dans l’urgence qu’impose la profusion de l’ivresse. La môme remonte la bretelle de son sac. Il ne tient pas debout, et elle soupire. Le vent frappe ses cheveux, défait quelques mèches rousses, néglige son aspect minutieux. Il se démène comme un diable contre lui-même, et de haut en bas, elle le détaille, une ombre sérieuse se glisse dans ses yeux. A ses lèvres rougies, l’air se soumet.
« T’es plutôt jolie, si c’était moi qui t’traitais comme un bout d’viande, ça ferait quoi ? »
De sa plaisanterie, Annabelle sourit, mais sur ses cils l’amusement se glisse mutin. Elle cache ses mains dans les poches de son blazer.
« Ce serait inédit. Tu ne serais pas le premier à essayer. »
Sa confiance se hisse sur son dos bien droit, ses épaules roulent à l’ombrage de ses paupières mi-close. La pluie menace de briser les bourrasques enragées qui les repoussent, les chassent. Le froid se glisse sous sa veste, mord sa peau. Lui, n’a que l’alcool pour lui tenir chaud. L’atmosphère s’enfume, la lune n’est plus qu’une lueur blafarde et mourante. Ses pas l’amène vers lui.
« Tu vois, je connais bien les pauvres types. Ils se complaisent dans leur médiocrité parce que ce sont de misérables incompétents, fragiles, persuadés de valoir mieux que la crasse dans laquelle ils se roulent fièrement. » Elle s’insinue tout prêt, le sourire sérieux, le coince lascivement contre la rambarde qui lui sert d’appui. « Toi, Damon, tu as l’air d’être beaucoup de choses, mais pas incompétent. » Elle pose une main sur son torse, y laisse s’attarder son regard. Elle le sent encore mieux, ce cœur qui pompe, maintenant, et son propre rythme s’accélère. Elle plonge à cette mélodie secrète, dans une inspiration coupée. « Et encore moins fragile. »
Elle le regarde, cherche ses yeux, mais n’y trouve que du noir, dans la pénombre grandissante sous laquelle s’effacent les voiliers et les barques.
« Je ne peux pas m’empêcher de me demander… Pourquoi tu te soumets ? Pourquoi tu t’es paumé à tenir ce pub moisi ? Je ne pense pas que ce soit par vocation, j’ai l’impression que tu détestes ça. Que tu t’ennuies à crever, et que tu le sais. Qu’est-ce qui te retient ? »
Ses propres mots font écho en elle, retenue dans une vie qu’elle hait, par l’illusion d’un devoir, qu’elle ne voudrait que rejeter, de lois, qu’elle ne demande qu’à briser.
« Est-ce que tu te punis ? »
Aux embruns du Moray Firth, aux déjections qui se décomposent, le parfum de la pluie charge l’air, l’alourdit. Annabelle laisse son buste tomber en arrière, lève les yeux au ciel, soupire aux nuages gris son désaccord.
« Tu as raison, il va pleuvoir. Je vais rentrer chez moi. Et tu ferais mieux d’aller te coucher. »
La môme s’habille d’un large sourire, et d’une main, sort un petit flyer de son sac. Une publicité pour sa joaillerie, dont elle garde toujours quelques exemplaires. Le design sobre du papier disparaît dans un pliage minutieux. Annabelle respire. Elle se love un peu, le frôle, le bleu envieux, sa peau est électrique. Elle glisse dans la poche de son jean, le petit carré de papier, avant de reculer. Pour ne pas tout donner. Pour se laisser le temps, de tout bien préparer. Etre sûre de l'attraper.
« C’est mon numéro. Je suis libre, dimanche soir. »
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La tirade l’attaque par surprise. Du jeu nébuleux qu’ils jouent, il n’attendait rien d’autre qu’un flirt vague, sans conclusion aucune. Chacune des phrases l’attaque, l’agresse, retire un peu de relief à son ébriété. Il voudrait répondre. Contredire. Mais les mots ouvrent une porte en lui, un passage qui menace de l’avaler tout entier. Et il ne peut que fixer Nana, silencieux et hébété. Se soumettre. Abandonner ? Lâcher prise. Se punir ? Une foule d’émotions contradictoires traversent ses prunelles qui dérivent vers le sol qu’un début de bruine vient humidifier. Et de vieilles réminiscences remontent, se glissent sournoisement le long de ses pensées décousues pour en remonter les fils épars et s’imposer, brutales.
« J’me punis pas. » La réponse porte le poids d’un choix mal mesuré, le ton est agressif, mais assuré. Daemon est sur la défensive, et son carcan pathétique semble l’abandonner, l’espace d’un instant, chassé par une colère nue et authentique qui lui redresse les épaules et abime sa posture un peu voutée par l’alcool.
Le dos droit, les yeux flamboyants, il observe la coupable qui, d’un sourire, semble se dédouaner de ses accusations. S’il était autre chose qu’un être humain, il lui montrerait les crocs, sûrement, et de sa gorge monterait un grondement sourd et incertain. D’animal il a même perdu même les instincts, se contente donc de la fixer, le regard habité d’une insolence neuve. Rien dans ces yeux-là n’a abdiqué. Et le vernis s’effrite, se craque, alors que ses poings se ferment comme des griffes sur le papier qu’elle lui confie, qu’il ne prend pas la peine de regarder pour le moment. Le danger est réel. Il veut qu'elle le sache. Qu'elle entende. Comprenne. Réalise. Que leur réalité pourrait basculer. Juste comme ça. D'un simple claquement de doigts.
« Tu devrais faire gaffe à c’que tu racontes. Y’a des trucs qu’on balance pas à la gueule des gens sans prendre de précautions avant. » Il se contient, et les efforts sont visibles, tout comme la blessure ravivée qui s’annonce, béante. « J’suis pas un putain de jouet pour une bourge qui s’emmerde. » Sans prévenir, d’un mouvement trop vif pour être prévisible, il attrape la main qu’elle vient de retirer, et, d’une traction sèche, ramène la fille contre lui, la force à plonger dans le regard qu’il lui tend.
« Me soumettre ? T’es sûre de toi ?! » Il ne la lâche pas, enferme le poignet étranger alors qu’autour d’eux, paresseuse et lourde, la pluie se met à tomber. Il n’en a cure, focalise toute son attention sur ce contact ténu, de la chair contre la chair, et la chaleur mince qui s’en dégage.
« Nana. J’t’en supplie. Ferme ta gueule si tu veux survivre jusqu’à dimanche. » La voix est devenue plus sage, et la main qui emprisonne celle de la fille s’enfuit soudain, lui rend sa liberté dans une caresse à peine ébauchée.
« J’pourrais être un putain d’taré. J’pourrais être n’importe quoi dans cette foutue ville. » Un pas en arrière. Qui marque la fin de l’échange. Pour lui, du moins. Et sa paume, brusque l’instant d’avant, se referme délicatement sur le petit flyer blotti dans sa poche.
« Casse-toi maintenant. Laisse-moi cuver. Et réfléchir. » L’eau lui dégouline sur le visage, donne à ses cheveux déjà hirsutes des airs de champ de bataille. Dans l’absence de lumière, on dirait presque qu’il pleure, la pluie dessinant sur ses joues de nouvelles marques, lorsqu’elle n’épouse pas les cernes existantes, creusées par une tristesse déjà ancienne. Réfléchir, oui. Mettre un peu d’ordre dans le chaos qui l’agite. Qui le caractérise. Et retrouver ses esprits pour faire enfin face à cette fille, et aux secrets qu’elle abrite.
« J’me punis pas. » La réponse porte le poids d’un choix mal mesuré, le ton est agressif, mais assuré. Daemon est sur la défensive, et son carcan pathétique semble l’abandonner, l’espace d’un instant, chassé par une colère nue et authentique qui lui redresse les épaules et abime sa posture un peu voutée par l’alcool.
Le dos droit, les yeux flamboyants, il observe la coupable qui, d’un sourire, semble se dédouaner de ses accusations. S’il était autre chose qu’un être humain, il lui montrerait les crocs, sûrement, et de sa gorge monterait un grondement sourd et incertain. D’animal il a même perdu même les instincts, se contente donc de la fixer, le regard habité d’une insolence neuve. Rien dans ces yeux-là n’a abdiqué. Et le vernis s’effrite, se craque, alors que ses poings se ferment comme des griffes sur le papier qu’elle lui confie, qu’il ne prend pas la peine de regarder pour le moment. Le danger est réel. Il veut qu'elle le sache. Qu'elle entende. Comprenne. Réalise. Que leur réalité pourrait basculer. Juste comme ça. D'un simple claquement de doigts.
« Tu devrais faire gaffe à c’que tu racontes. Y’a des trucs qu’on balance pas à la gueule des gens sans prendre de précautions avant. » Il se contient, et les efforts sont visibles, tout comme la blessure ravivée qui s’annonce, béante. « J’suis pas un putain de jouet pour une bourge qui s’emmerde. » Sans prévenir, d’un mouvement trop vif pour être prévisible, il attrape la main qu’elle vient de retirer, et, d’une traction sèche, ramène la fille contre lui, la force à plonger dans le regard qu’il lui tend.
« Me soumettre ? T’es sûre de toi ?! » Il ne la lâche pas, enferme le poignet étranger alors qu’autour d’eux, paresseuse et lourde, la pluie se met à tomber. Il n’en a cure, focalise toute son attention sur ce contact ténu, de la chair contre la chair, et la chaleur mince qui s’en dégage.
« Nana. J’t’en supplie. Ferme ta gueule si tu veux survivre jusqu’à dimanche. » La voix est devenue plus sage, et la main qui emprisonne celle de la fille s’enfuit soudain, lui rend sa liberté dans une caresse à peine ébauchée.
« J’pourrais être un putain d’taré. J’pourrais être n’importe quoi dans cette foutue ville. » Un pas en arrière. Qui marque la fin de l’échange. Pour lui, du moins. Et sa paume, brusque l’instant d’avant, se referme délicatement sur le petit flyer blotti dans sa poche.
« Casse-toi maintenant. Laisse-moi cuver. Et réfléchir. » L’eau lui dégouline sur le visage, donne à ses cheveux déjà hirsutes des airs de champ de bataille. Dans l’absence de lumière, on dirait presque qu’il pleure, la pluie dessinant sur ses joues de nouvelles marques, lorsqu’elle n’épouse pas les cernes existantes, creusées par une tristesse déjà ancienne. Réfléchir, oui. Mettre un peu d’ordre dans le chaos qui l’agite. Qui le caractérise. Et retrouver ses esprits pour faire enfin face à cette fille, et aux secrets qu’elle abrite.
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