Annabelle Shaw
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Métier : Joaillère
Âge : 25 ans
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Ce que j'écris: Un peu de tout, forcément avec Nana ça va verser dans le cannibalisme et le meurtre d'innocents animaux.
Dans quelles mesures: Selon mon humeur, je me trouve soft personnellement mais je suppose que ça depend de qui lit..
Mes TW: Aucun. Choquez-moi wesh, j'en rêve.
Limites du perso: Aucune, je suis une malade moi.
Intervention MJ: C'est moi le MJ. Tristesse.
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ft.DaemonC’est l’une de ces grandes maisons baroques aux briques rouges, sur lesquelles ressortent des colombages blancs. La façade fatiguée laisse entrevoir l’ancienneté de ses murs, qu’envahit un lierre bien vert. L’alignement savant de murets moussus, de haies et de rosiers blancs et jaunes, dissimule aux regards indiscrets le chemin pavé de buissons qui mènent à l’entrée. Enfin, à l’ombre de la large bâtisse, se laisse deviner, derrière une persienne, un jardin luxuriant.
Dans toutes les pièces, le vieux papier peint art déco est noyé sous la verdure de multiples plantes, trônant au sol, ou suspendues. L’amoncellement de meubles, de statuettes d’époques et d’origines innombrables bouffe la moindre molécule d’air, étouffe des espaces pourtant volumineux. Un dense fatras qui souligne un amour las, le besoin de changer chaque seconde de vision. Les portraits et les photos qui constellent chaque mur dépeignent de nombreuses femmes, parfois accompagnées d’une petite fille rousse à la mine froide. Mais aucun de ceux-là, n’est autant mis en valeur que les portraits bien encadrés d’Elisabeth II, et de la reine Anne Stuart.
Annabelle sifflote. Dans une cuisine étriquée, elle revoit les notes de Margaret, consignées dans un petit livre de recettes. Elle jette un œil sur l’horloge. L’heure approche à grand pas, et en pesant ses graines de datura, elle revoit avec un certain plaisir, cette lumière de menace, et sa propre panique, l’espace d’un instant. L’adrénaline. L’imminence du danger. L’aperçu d’un jeu qu’elle se surprenait à désirer fatal. Elle se revoyait, sur le bitume de cette ruelle de Glasgow, la mort piétinant ses entrailles, sous les lignes grimpantes des réverbères se couchant, sur son cadavre à venir. Et la rage qui brillait dans les yeux noirs de sa sœur.
Pourtant, elle est de ceux qui expriment mieux leurs talents dans une préparation minutieuse. Précision est le maître-mot, et n’arpenter que les sentiers déjà bien battus par ses aînées est une loi. Pour servir, et surtout, protéger la famille. Mais Annabelle a l’ennui trop viscéral, la lenteur en horreur. Et Daemon Grant est un type plus difficile à cerner qu’elle ne l’aurait cru. Plus imprévisible. Peut-être même plus dangereux. Peu d’informations sur lui, au final.
Dans le mortier, les graines craquent, se mêlent à la poudre de belladone, le son s’infuse sous le claquement de l’aiguille des secondes. D’ordinaire, elle ne s’y tenterait sûrement pas.
En coupant sa main, en versant son sang sur la préparation, elle chasse de son esprit ces images, soupire ses idées pour ne se soucier que du fluide dans ses veines, et ses vibrations. La formule est simple, l’alchimie est mineure, et lorsque le mélange s’englue et s’assèche, pour ne laisser qu’une très fine poudre, Annabelle y colle sa main. Le poison la brûle, en pénétrant sa peau, y forme des cloques. Une douleur commune et nécessaire. Et alors qu’elle exhale l’incendie de sa main dans une plainte, qu’elle observe avec satisfaction la plaie se refermer, pour ne laisser qu’une rougeur douloureuse, le rugissement sourd et détonant d’une moto, vient à mutiler le silence d’un quartier normalement calme.
Un stress la prend, inattendu. Lui court le long du petit piège qu’elle a loti sur sa paume. Comme si elle n’avait pas déjà fait cela cent fois. Les cris du moteur s’arrêtent devant la maison. C’est l’heure. Elle range tout, un peu convulsive, dans le premier tiroir qu’elle trouve. Elle cherche un miroir, passe une main dans ses cheveux, y vérifie l’absence de nœud. Replace rapidement le col Claudine de son chemisier, en défroisse la mousseline blanche.
Le lourd battant en chêne s’ouvre sur Daemon, et dans le couloir, les lueurs du soir s’invitent. Le manque de ses escarpins lui impose de lever la tête bien plus que prévu.
« Salut. » Elle laisse remonter vers lui l’ébauche d’un sourire accueillant, se plonge dans le bleu clair de ses yeux, y cherche un résidu de leur dernier échange, suspendue fugacement. Elle note les nouveaux tatouages qui se sont dessinés sur sa mâchoire, offrent à ce bleu plus de présence encore qu’il est encadré de noir et d’encre. Ses yeux sont bien plus vifs, cette fois. Comme pour les percer, elle s’y accroche. « Entre, enlève juste tes chaussures, si tu veux bien. »
Annabelle s’écarte, le laisse passer dans le couloir étriqué par la décoration envahissante. Elle sent derrière lui l’odeur tenace et vivante du cuir qu’il porte. Après avoir refermé la porte, elle prend la direction d’une commode, en tire un écrin noir, où se cache une bague en bronze, sculptée d’une tête de mort, et de sigils ésotériques.
« J’ai un truc pour toi. » Elle s’approche de lui, son regard fuit un peu, glisse sur la ligne de sa mâchoire, alors qu’elle lui tend le boîtier. « Considère ça comme des excuses. »
Sa moue sérieuse a des airs d’entourloupe, un regret à peine sincère perle sur la ligne de ses cils, bien à l’abri, à l’ombre d’un monstre de fierté. Elle expire, pose une main sur ses hanches, et la brûlure encore présente sur l’autre lui tire un spasme.
« Tu veux boire quelque chose ? »
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Daemon Grant
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Intervention MJ: Oui
Il ne sait pas ce qu’il cherche en allant la voir. Il ne sait plus. Dans son esprit, l’importance de la rencontre est restée. Et le mouvement a suivi. Prendre les choses comme elles viennent. Ne pas réfléchir. Ne pas demander pourquoi, ou comment. Juste, saisir. Les occasions. Les ouvertures. Tout ce qui peut s’offrir. Donner à chaque instant des allures de dernier acte. Vivre. Et sentir. Après lui le déluge. Et, peut-être, les regrets.
La route défile. Le vent siffle sa sérénade agressive, glisse ses doigts pointus dans la crinière nue. Il aime la vitesse. Grisante. Danser sur le fil, embrasser l’incertitude. Entre un point A et un point B, tout peut arriver. Daemon connait mal le quartier. Tourne quelques minutes sans autre but que celui de faire rugir la bécane dont les chromes et les sons jurent avec le calme ambiant. Un dernier grondement de moteur, la moto s’arrête.
D’une main, il sort le flyer de la dernière fois. Elimé, en si peu de temps, d’avoir été trop manipulé. Daemon relève la tête, glisse l’adresse au fond de sa poche, inspecte le bâtiment. Classique. Bourgeois. Pas déplaisant à regarder, même s’il se fait lui-même l’effet d’une vilaine tache dans le paysage soigné. Il n’a rien à faire là, et l’idée même l’amuse. Il s’arrache un sourire, présente meilleure mine que lors de leur dernière rencontre.
Sans être léchée, son allure ne donne plus l’impression qu’il va se vautrer dans le premier caniveau rencontré. Et si ses cheveux portent la même indiscipline, son regard franc se jette à la rencontre de celui de Nana sans qu’aucune lueur alcoolisée ne s’y invite. « Salut. » Une commissure relevée, un coup d’œil dans le couloir assombri, et un autre, plus appuyé, sur la jeune femme. Plus jeune qu’il ne l’aurait cru du haut des verres avalés l’autre soir. Si la demande de retirer ses chaussures lui fait arquer un sourcil étonné, il ne s’en formalise pas, s’exécute et les abandonne derrière lui, retire également sa veste qu’il cale sur son bras dans un pli sommaire.
Nana s’écarte, et il en profite pour inspecter les alentours, note la profusion de plantes, de bibelots, le luxe suranné de l’ensemble et se questionne quant à l’habitante des lieux. Aisée, à n’en pas douter, sa première impression de la belle se confirme, se dote, au passage, de quelques nuances souveraines. Moins greluche qu’il ne le pensait. Moins superficielle, aussi. Il s’approche à son tour de la commode, intéressé, ne brise pas pour autant la ligne tacite qui les sépare, conserve à chacun son espace vital.
« Quoi ? » jette-t-il dans un murmure en attrapant machinalement la petite boite qu’elle lui confie. Est-ce que c’est un piège ? Intrigué, il ouvre, découvre le bijou et retourne à son hôte un regard ahuri. « Des excuses pour quoi au juste ? T’as un truc à t’faire pardonner ? » demande-t-il en admirant l’objet, sans oser le toucher. Il le replace précautionneusement dans l’écrin, et dépose ce dernier sur la commode d’où il a été tiré.
« J’peux pas accepter. J’sais pas d’où ça vient, ce que ça représente, ou combien ça coute, mais c’est trop, dans tous les cas. » La ligne de sa mâchoire, nette la dernière fois, se froisse sous un nouveau sourire, et les encres neuves paraissent s’animer dans le mouvement.
« J’veux bien un verre d’eau. » lâche-t-il, un peu gêné par le présent, ne sachant pas jusqu’à quel point il peut se mettre à l’aise. Nana l’attire irrésistiblement, comme une énigme à résoudre, et lui rappelle combien il a toujours été mauvais lorsqu’il s’agissait d’éviter les faux pas, et les tentations trop flagrantes.
« Nana, qu’est-ce qu’on fout au juste ? J’me souviens plus ou moins d’la dernière fois, et j’savais même pas si on s’était quittés en bons termes, alors, c’est quoi le plan maintenant ? Pourquoi tu voulais m’revoir ? J’sais qu’j’ai un charme de dingue, mais quand j’fais d’l’effet à une fille, on règle ça sur place, c’rare qu’elle m’invite chez elle, tu vois ? Donc tu dois avoir tes raisons, comme pour la bague, et j’aimerais les connaître, si c’pas trop t’demander ? » La fin de la phrase est pleine de ce qu’il tait, des fragments de leur entrevue qui lui ont échappé sitôt la soirée terminée.
L’alcool et la mémoire ne font pas bon ménage et plus le temps passe, plus il peine à rassembler ce qui lui échappe lors des nuits où il oublie tout, en plus de s’oublier lui-même. Il se souvient surtout des remarques lucides échangées sous une lune fuyante, de la manière qu’elle avait eu de le lire, comme s’il portait ses émotions en bandoulière. Déplaisante sensation. Son sourire se fige, et son regard s’intensifie, alors qu’il cherche sur le visage de l’autre des débuts de réponse.
Annabelle Shaw
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ft.DaemonAnnabelle arque un sourcil, ses yeux roulent sur une moue amère. Il paraît comme le sujet d’un portrait que l’on aurait sorti de sa toile, hors du confort de son petit monde, propulsé vers les rives de l’océan dans lequel il préfère se noyer. Il ne semble pas se souvenir de son propre émoi, alors qu’elle s’était laissée emportée dans leurs derniers échanges, à une honnêteté trop invective. Mais il l’avait mérité, cette honnêteté. Et encore là, sans s’en rendre compte, par une nature brute, il la pousse contre un mur, à la limite de ses mensonges. Elle mordille sa lèvre, ravale une plainte muette que sa main en feu lui soutire. Margaret aurait largement pu préciser sur sa formule, que ça faisait un mal de chien.
Elle tâche de mesurer la vérité qu’il lui faudra donner, pour qu’il se laisse suffisamment approcher.
« Si tu ne sais pas pourquoi je m’excuse, ne comptes pas sur moi pour te le rappeler ! » Elle pose son dos sur l’arche séparant le couloir de la cuisine, lui offre un rire de couverture. Sur ses bras croisés, elle tapote un ongle nerveux. « Accepte la bague, s’il te plaît. Ça ne m’a coûté rien de plus que mon temps. Je passe littéralement ma vie à fabriquer ces trucs, je voulais essayer quelque chose, mais je ne le vendrais pas. Si ça ne te plaît pas, tu peux toujours en tirer un billet. »
Une sympathie fade surplombe le bleu autoritaire de ses yeux. Il est presque penaud, debout, avec son blouson sur le bras. Elle pouffe. L’amusement lui monte au nez, alors elle pousse sur son dos, et de quelques pas, se glisse à peine dans l’espace bienséant qui les sépare. Le geste prudent contredit l’assurance d’un sourire léger. Laisse une offre en suspens. L’odeur du cuir embaume généreusement, couvre celle de l’homme, mais la chaleur qui s’échappe de sa silhouette lui parvient.
« Pose ta veste où ça te chante. Et détend-toi un peu. » Elle lève vers lui des yeux rieurs. « Je vais pas te manger. Fais comme chez toi, ok ? »
Elle s’étend, avant de faire volte-face, va pour saisir ce verre d’eau en hôte convenable. Loin de se calmer, la brûlure sur sa main semble chercher de plus en plus à s’arracher de sa paume, et elle inspire.
« Nana, qu’est-ce qu’on fout au juste ? J’me souviens plus ou moins d’la dernière fois, et j’savais même pas si on s’était quittés en bons termes, alors, c’est quoi le plan maintenant ? Pourquoi tu voulais m’revoir ? J’sais qu’j’ai un charme de dingue, mais quand j’fais d’l’effet à une fille, on règle ça sur place, c’rare qu’elle m’invite chez elle, tu vois ? Donc tu dois avoir tes raisons, comme pour la bague, et j’aimerais les connaître, si c’pas trop t’demander ? »
Annabelle commençait à craindre que la sobriété ne l’ait amputé de son indécente franchise. Elle s’arrête net dans son mouvement, pèse avec étonnement les questions qui lui sont balancées. Ce qui l’étonne enfin, c’est que chaque question est terrible de pertinence, sans qu’il ne puisse se rendre compte d’à quel point. Des questions qui, pourtant, ne se posent normalement pas, devraient s’oublier loin dans les abîmes de la conscience, aux côtés de l’instinct qui les fait fugacement surgir. Cette forme de dualité lui arrache un rire franc, souligné par la tirade un brin prétentieuse de son invité.
« Tu doutes de rien, toi, non ? » Elle se redresse, laisse planer au creux de ses joues poudrées son hilarité et replace la masse lisse de ses cheveux derrière son oreille. « Figures-toi que, même si apparemment je n’en ai pas l’air, me taper le premier inconnu qui passe sur le comptoir d’un bar miteux, c’est pas tellement ma came. »
Son sourire s’efface un peu, et ses prunelles se tâchent d’une ombre sérieuse, détaillent sa carrure, viennent se poser, insistantes, au bleu frais de ses yeux. Il lui plaît, ce contraste qu’il impose, comme de l’encre qui consume sa peau. Elle passe une main sur sa nuque.
« Pourquoi ça te paraît si improbable ? »
Elle s’approche, accroche son regard au sien, s’arrête assez près, cette fois, pour saisir un avant-goût, de l’odeur cuivrée de son sang. Le parfum lèche ses lèvres. Elle se contient, mais au bord de ses prunelles, une envie s’esquisse. Une forme d’urgence, qui s’arrondit dans ses entrailles, autour d’une expectative. Annabelle inspire la tension qui trotte sur son échine.
« Tu m’as plu. Y’a pas d’autres raisons. » C’est lâché presque sèchement, à la manière d’une vérité inavouable. Elle attend une réaction, mais laisse vite ses yeux impatients glisser, avant d’en retrouver un contrôle plus assuré. « Maintenant, si tu veux, on peut continuer de discourir sur le pourquoi du comment, ou alors boire quelque chose, échanger deux trois banalités d’un ennui sans fond et peut-être qu’après je pourrais mieux profiter de ce fameux "charme de dingue", maintenant que tu tiens debout tout seul ? »
Annabelle s’esquive, allège son regard, et sa voix file sur une interrogation presque impérieuse.
Elle rejoint rapidement la cuisine, profite d’un court moment à couvert pour souffler sur sa main bouillante. Elle claque quelques placards, cherche un verre, hésite un instant.
« Tu es sûr pour l’eau ? Y’a du whisky si tu veux. »
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Daemon Grant
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Qu’est-ce qu’il fout là. Les minutes s’égrènent, et l’atmosphère de la maison lui pèse, l’oppresse. Trop de choses silencieuses et figées, comme si le tableau au complet s’était évadé de quelque sombre époque. Il ne sent plus la ville. Il ne sent plus la vie. Ici, tout paraît comme étouffé. Distant. Et la fille même prend des airs de mythe, le feu de ses cheveux broyant tout ce vert qui les entoure, et offre à l’ensemble un revêtement de forêt vierge.
Non, il ne se sent pas à l’aise, n’a pas la moindre envie de se détendre, de se poser, d’abandonner la moindre parcelle de lui-même au décor trop chargé qui lui donne des impressions de vice dissimulé. Le jeu qu’ils semblent jouer le dépasse, de même que ce qu’il perçoit dans le regard d’en face. Son sourire devient fébrile, puis s’éteint. Et il recule machinalement, d’un simple pas. La veste sur son bras s’alourdit, le gêne. Et la proximité qu’elle initie lui colle presque la frousse.
« Sûrement parce que j’ai rien d’intéressant à donner. » souffle-t-il en lui retournant un visage subitement fermé. L’intérêt. Le moteur. La raison.
« Boire, c’est bien. » souligne-t-il, un peu trop vite, avant de revenir en arrière, de s’attarder sur un mot en particulier. Mettre les choses au clair. Et tenter, au passage, de grapiller quelques zestes de compréhension dans ce qui se trame.
« Le charme, tu sais, c’était une plaisanterie. J’ai juste pas l’habitude… » Il s’interrompt, se mord la lèvre inférieure, regarde un peu partout, sans s’attarder nulle part, l’évite, elle, avant de reprendre, le timbre voilé
« Nana, la plupart du temps, j’suis dans l’état dans lequel j’étais l’autre soir, ça donne pas spécialement envie aux gens d’me revoir ou d’se lancer dans de grandes conversations. Ca m’paraissait évident. J’suis fini. Et ça s’voit. Mais tu m’as sorti des trucs, l’autre soir. J’pensais pas être si transparent. Et qu’une inconnue m’balance mes conneries à la figure, ça m’a secoué. Pour ça qu’j’suis venu, aussi. Pour comprendre. Ça fait des années qu’on vient m’voir pour des trucs bien précis, et pas pour ma compagnie. S’cuse d’avoir du mal à croire à ton intérêt, du coup, parce que j’vois vraiment pas c’qu’a pu l’attiser. »
L’esquive de la jeune femme la dérobant pour l’heure à sa vue, il a tout loisir de se perdre encore dans la contemplation muette des murs et des visages suspendus, glauques. Dans le corridor encombré, les pots semblent le narguer. La bague. Le cadeau lui revient, et il fronce les sourcils, indécis, avant de récupérer le petit coffret abandonné sur la commode. Il l’ouvre, s’empare du bijou, et le fait tourner machinalement entre deux doigts, l’expose, devant lui, le compare, enfin, à ceux qu’il porte déjà. C’est du beau travail. Le bronze lui plait. Finalement, il l’enfile, plisse les paupières pour en admirer l’effet, les dents cerclées autour de la petite boule d’acier qui lui orne la langue.
« Plutôt whisky… Merci. » lance-t-il en direction de l’ouverture par laquelle la belle s’est échappée, sans qu’il n’ose la rejoindre. Au lieu de ça, il souffle, chasse un peu l’anxiété irrationnelle qui lui tord les tripes, reporte son attention sur le bijou, dont les dimensions épousent parfaitement les lignes du doigt autour duquel il l’a glissé. Plaire. Encore une notion dont il a oublié les termes. Un effet qu’il ne cherche plus à obtenir. Qui s’invite seulement parfois, au hasard des rencontres, pour quelques heures, seulement, d’une liberté parallèle dans laquelle plus rien ne compte. Un effet dont il n’aurait jamais espéré profiter avec elle. Un sursaut mental. Un constat de sa propre déchéance. Qui le sonne brièvement. Est-ce finalement pour ça qu’il est là ? Parce que leur dernière discussion l’a projeté dans sa défroque d’être humain ? Et que toute considération, même minime, parvient à transformer en miracle les échos d’une banalité sordide lorsque chaque marque d’attention n’est portée que vers les services à rendre ? Il secoue la tête, repousse le chaos qui lui vient, le musèle pour revenir à la fille. Et oublier ses possibles motivations. Prendre. Recevoir. Echanger ? Voir, en tout cas, et affronter.
Non, il ne se sent pas à l’aise, n’a pas la moindre envie de se détendre, de se poser, d’abandonner la moindre parcelle de lui-même au décor trop chargé qui lui donne des impressions de vice dissimulé. Le jeu qu’ils semblent jouer le dépasse, de même que ce qu’il perçoit dans le regard d’en face. Son sourire devient fébrile, puis s’éteint. Et il recule machinalement, d’un simple pas. La veste sur son bras s’alourdit, le gêne. Et la proximité qu’elle initie lui colle presque la frousse.
« Sûrement parce que j’ai rien d’intéressant à donner. » souffle-t-il en lui retournant un visage subitement fermé. L’intérêt. Le moteur. La raison.
« Boire, c’est bien. » souligne-t-il, un peu trop vite, avant de revenir en arrière, de s’attarder sur un mot en particulier. Mettre les choses au clair. Et tenter, au passage, de grapiller quelques zestes de compréhension dans ce qui se trame.
« Le charme, tu sais, c’était une plaisanterie. J’ai juste pas l’habitude… » Il s’interrompt, se mord la lèvre inférieure, regarde un peu partout, sans s’attarder nulle part, l’évite, elle, avant de reprendre, le timbre voilé
« Nana, la plupart du temps, j’suis dans l’état dans lequel j’étais l’autre soir, ça donne pas spécialement envie aux gens d’me revoir ou d’se lancer dans de grandes conversations. Ca m’paraissait évident. J’suis fini. Et ça s’voit. Mais tu m’as sorti des trucs, l’autre soir. J’pensais pas être si transparent. Et qu’une inconnue m’balance mes conneries à la figure, ça m’a secoué. Pour ça qu’j’suis venu, aussi. Pour comprendre. Ça fait des années qu’on vient m’voir pour des trucs bien précis, et pas pour ma compagnie. S’cuse d’avoir du mal à croire à ton intérêt, du coup, parce que j’vois vraiment pas c’qu’a pu l’attiser. »
L’esquive de la jeune femme la dérobant pour l’heure à sa vue, il a tout loisir de se perdre encore dans la contemplation muette des murs et des visages suspendus, glauques. Dans le corridor encombré, les pots semblent le narguer. La bague. Le cadeau lui revient, et il fronce les sourcils, indécis, avant de récupérer le petit coffret abandonné sur la commode. Il l’ouvre, s’empare du bijou, et le fait tourner machinalement entre deux doigts, l’expose, devant lui, le compare, enfin, à ceux qu’il porte déjà. C’est du beau travail. Le bronze lui plait. Finalement, il l’enfile, plisse les paupières pour en admirer l’effet, les dents cerclées autour de la petite boule d’acier qui lui orne la langue.
« Plutôt whisky… Merci. » lance-t-il en direction de l’ouverture par laquelle la belle s’est échappée, sans qu’il n’ose la rejoindre. Au lieu de ça, il souffle, chasse un peu l’anxiété irrationnelle qui lui tord les tripes, reporte son attention sur le bijou, dont les dimensions épousent parfaitement les lignes du doigt autour duquel il l’a glissé. Plaire. Encore une notion dont il a oublié les termes. Un effet qu’il ne cherche plus à obtenir. Qui s’invite seulement parfois, au hasard des rencontres, pour quelques heures, seulement, d’une liberté parallèle dans laquelle plus rien ne compte. Un effet dont il n’aurait jamais espéré profiter avec elle. Un sursaut mental. Un constat de sa propre déchéance. Qui le sonne brièvement. Est-ce finalement pour ça qu’il est là ? Parce que leur dernière discussion l’a projeté dans sa défroque d’être humain ? Et que toute considération, même minime, parvient à transformer en miracle les échos d’une banalité sordide lorsque chaque marque d’attention n’est portée que vers les services à rendre ? Il secoue la tête, repousse le chaos qui lui vient, le musèle pour revenir à la fille. Et oublier ses possibles motivations. Prendre. Recevoir. Echanger ? Voir, en tout cas, et affronter.
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ft.DaemonElle écoute. A travers le mur qui les sépare, le son se déplace, volage entre les pièces, dont le silence s’alourdit du claquement aigu et régulier des horloges. Le corps étendu contre le comptoir, elle repose le verre à eau à peine saisi, vas chercher plus loin un contenant plus adapté. Son regard se perd dans le vide du placard, rature quelques réflexions. Elle pèse. Elle mesure. Soudain, ses mensonges la terrifient, prennent l’ampleur engluée d’un fluide néfaste. Une drôle de réalité, dont elle aperçoit la puissance : il fait fondre le jeu des apparences, la ramène à une essence dangereuse. Rechercher la vérité est un acte risqué. L’offrir est un crime. Elle extirpe deux verres, glissés entre ses doigts, réapparait à la silhouette de son invité, et une légère tension lui brille au coin des lèvres.
« Viens, je vais te montrer quelque chose. »
Juste un bout d’elle, rien de précis. Elle l’amène dans un salon, où les feuilles d’un ficus lèchent l’accoudoir d’un vieux sofa en velours. Où l’espace consent à plus d’air, mais où la poussière transpire mieux, baignée dans les lumières chaudes qui s’échappent des grandes fenêtres. Sur un petit bar en chêne massif, elle dépose les verres, et d’un geste lâche, lui propose une photo. De ces portraits de famille bien propres, ordonnés chez un professionnel. D’une gamine assise, rousse aux yeux bleus, à l’indifférence complète, qui ne sied guère à cet âge-là. Et, derrière elle, debout, une femme mûre, tirée à quatre épingles, les cheveux blonds, les larges boucles parfaites, la sévérité creusée sur ses rides. Une matrone d’une époque révolue, qui enserre l’épaule de la petite, sans l’ombre d’un sourire, dans un total contrôle.
Annabelle s’accroupit, ouvre une porte dans le bar, cherche d’un œil, une bouteille convenable.
« La femme, là, c’est ma mère. Elle est aussi adorable qu’elle en a l’air. » Elle souffle un rire étouffé. « Ce qui est amusant, sur cette photo, c’est que j’avais fabriqué un petit bracelet, avec des perles fantaisies, des trucs de gamine qu’on trouve dans des kits. Mais j’en étais super contente. Elle en voulait pas sur la photo, donc elle l’a pété, et l’a jeté. En fait, elle était hyper en colère, et moi, j’étais super triste. »
Aucune fébrilité ne pointe dans sa voix, si l’histoire l’eût touchée un jour, ce n’était plus le cas, et l’indifférence est à l’image de son visage de petite fille, accentue la banalité finale des mots. Elle écarte une bouteille de gin, atteint un whisky tourbé, et nonchalamment, s’en contente et se relève.
« Tu vois, ici, c’est chez ma tante. C’est la personne la plus honnête que je connaisse, et pourtant, je peux t’assurer que tout ce que tu vois autour de toi, n’est qu’un putain de tissu de mensonges.» Elle lui offre un regard, embarrassée de se livrer en pâture, avant de tourner le bouchon, pour servir. Le liquide se lovant dans le cristal souligne ses gestes d’un ruissellement clair. « Malgré tout le bazar qu’elle accumule, tout ce qui compte vraiment pour elle est planqué dans un coffre au fond d’un dressing. »
Elle soupire en attrapant un verre dans chaque main, dont le contact semble lui arracher la paume. « Tout ça pour dire… » Lui offrir de nouveau toute l’attention de son regard, laisse poindre un sourire léger, alors qu’elle s’avance, se permet d’esquisser une meilleure proximité. « Toi, tu m’as paru… je sais pas trop. Authentique ? Ça me change. » Ses épaules roulent sous les mèches rousses, se décontractent au plissement de ses yeux. Elle se laisse tenir contre le bar, tend mollement vers lui ce whisky proposé. « En tout cas, c’est la première fois que je me fais traiter de grosse bourge directement en entrant dans un pub, sans que je n’ai rien fait pour le mériter. »
D’une main relâchée, elle ramène sa crinière sur son épaule, laisses-y glisser ses doigts, dévoile à son oreille une boucle discrète sertie de perles, coiffant la nudité de sa nuque. Annabelle porte à a ses lèvres roses le cristal. Et à la lumière du scintillement mordoré, qui dans le prisme du nectar ambré, se disperse en mille directions, elle se dissimule un peu. Ses iris céruléennes se nuancent, la peau de Daemon prend une teinte plus chaude aux couleurs du soir, et la lumière bat sur l’acier de ses piercings. Elle voit sa main autour du verre, remarque la bague qu’il a acceptée, et sourit copieusement.
Elle boit une gorgée, qui fait hurler sa gorge. Le whisky a toujours été trop fort pour elle. Sous une grimace, un spasme lui grimpe jusqu’aux tempes, lui secoue le crâne et les épaules.
« T’avais l’air de t’ennuyer encore plus que moi. Je me suis juste dis… » Elle pose le verre derrière elle. « … qu’on pourrait essayer de s’ennuyer un peu moins ensemble ? »
Ses mains glissent dans son dos, elle érige au pincement subtil de ses lèvres, une vulnérabilité voulue.
« Maintenant que tu as ce pourquoi tu es venu, Daemon, tu comptes faire quoi ? »
Elle change d’appui, guette, intensément. La réponse. Le bon moment. La douleur, enfin, laisse apparaître une tension sur sa mâchoire. Elle mordille l’intérieur de sa joue, et les ombres dansent sur la poudre parfumée qui lisse sa peau. Flamboie à ses prunelles, tout ce qu’elle réclame.
by ashling sur epicode
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